[Une ville seigneuriale en 1789, Saint-Amand-Montrond | F. Dumonteil]
Il s'agit de la réédition d'un livre paru en 1887 chez H. Sire, imprimeur à Bourges, qui n'est toujours pas disponible sur le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France. En publiant une note de lecture sur un livre d'histoire locale je crains toujours que cela n'ait pas grand intérêt pour la majorité des Agoriens, d'autant plus que ce sont généralement des livres difficiles à se procurer. Mais enfin, ils font partie de mes lectures.
C'est au cours de recherches sur l'état de la Généralité de Bourges, en vue d'un travail sur les élections de 1789 en Berry, que l'auteur a été amené à considérer que le régime seigneurial et l'organisation municipale de Saint-Amand méritaient de faire l'objet d'une étude spéciale. Une particularité de la ville réside dans le fait qu'elle est constituée de deux parties qui ont eu des seigneurs différents jusqu'en 1753.
L'auteur examine les redevances personnelles dues par les habitants (droit de bourgeoisie, de guet, charrois et corvées), le fait que certaines d'entre elles vont cesser d'être exigées par certains seigneurs, tandis que d'autres, comme Sully, vont s'efforcer d'en recouvrer le maximum, comme ils le font, d'ailleurs, des redevances foncières. Existaient aussi des monopoles seigneuriaux: les fours banaux et la boucherie seigneuriale. S'y ajoutaient des droits de place, de leude et de mesurage. Les seigneurs tiraient aussi une partie de leurs revenus de leur domaine immobilier.
Un droit certainement peu connu était le droit de bretolle (bertholle en certains lieux), dû par les veufs et les veuves s'ils se remariaient. A Saint-Amand, les seigneurs avaient abandonné ce droit aux « garçons ignares et non lettrés ». Ceux-ci étaient tenus de se réunir le lendemain de Noël, en présence du bailli, et, les yeux bandés, munis d'un bâton, devaient s'efforcer de casser un pot placé au haut d'une perche. Le gagnant était proclamé Roi de la Bretolle, avec la fonction de conduire un charivari à l'occasion de chaque mariage de veufs.
Comme seigneurs justiciers, les seigneurs de Saint-Amand avaient la prérogative de nommer des officiers chargés de rendre la justice et d'assurer différentes missions de police (bailli, lieutenant du bailli, procureur fiscal et son substitut, greffier). Le seigneur a les charges et les profits afférents.
A l'origine, la ville n'avait pas de corps municipal. La coutume du Bourbonnais défendait d'ailleurs aux justiciables d'un seigneur de s'assembler sans l'autorisation du juge seigneurial. Lorsque des jurés étaient élus par la communauté, leur seule mission était de répartir une contribution seigneuriale. Au début du XVIIe siècle apparaissent deux procureurs syndics dont on ne connaît pas exactement les fonctions. Vers la fin du XVIIe siècle, les habitants sont appelés à élire un maire et un échevin, mais qui ne semblent traiter qu'en présence et avec l'autorisation du bailli. Au XVIIIe siècle on verra apparaître un Conseil de ville de douze notables, mais qui se substituera aux assemblées de la communauté et en arrivera à nommer les syndics des corps de métiers. La vénalité des offices municipaux rétablie en 1771 aura une conséquence inattendue : le seigneur de Saint-Amand rachètera l'ensemble des offices municipaux et nommera donc lui-même à ces offices.
Saint-Amand, ville seigneuriale, n'en a pas moins des fonctionnaires royaux : subdélégué, officiers de l'Election, employés des aides, receveur des tailles, maître de poste, inspecteur des haras, notaires, procureurs, huissiers, et pour la maréchaussée un sous-lieutenant, un brigadier et deux cavaliers. Depuis Sully, Saint-Amand était aussi devenue le siège d'un grenier à sel. L'auteur examine ce qu'étaient les impôts royaux.
Il consacre ensuite un chapitre à la paroisse de Saint-Amand, l'une des plus importantes du diocèse de Bourges, examine la condition des habitants, et présente ensuite les élections de 1789 à Saint-Amand. Il reproduit ensuite dix-huit cahiers de doléances établis à Saint-Amand.
En annexe sont présentés la charte de franchise de la ville, un aveu et dénombrement de 1507, la liste des seigneurs des deux seigneuries, celle des officiers municipaux, pour finir par une notice bibliographique.
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