[L'illusion politique | Jacques Ellul, Daniel Compagnon (Préfacier)]

Eh bien voilà, un nouvel Ellul pour moi!
Après avoir démontré, preuves à l'appui, combien le politique et la politique se fondent sur une illusion, le grand Jacques Ellul nous emmène légèrement e en très peu de pages à imaginer autre "chose", un "autrement", utopique, mais qui a su inspirer quelques mouvements en marge. Reste à découvrir lesquels.
Ce qui est certain, c'est que - sans se désintéresser du politique - il ne faut pas compter sur lui pour mettre fin à nos problèmes. Tout est à réinventer, mais c'est de plus en plus difficile, dans la mesure où l'Etat a de plus en plus de pouvoir. Non? Eh bien si : regardez la pression que nous mettons sur l'Etat pour qu'il nous nourrisse, et nous donne ce dont nous avons besoin.
N'y a-t-il pas autre chose à inventer, que la soumission à la toute-puissance de l'Etat?

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Deuxième lecture de l'illusion politique.
Je dois avouer que ce n'est pas un livre facile à aborder, mais cette deuxième lecture m'a fait du bien et a fixé quelques petites choses importantes.

D'abord, admettre que la politique est du domaine de l'illusion, ce n'est pas refuser de s'impliquer dans la vie politique. C'est simplement démythologiser notre imaginaire politique. Et notre imaginaire démocratique, aussi.

Ensuite, certes l'Etat a plus de pouvoir - dans la mesure où nous attendons absolument tout de lui, et de plus en plus (sécurité physique, morale et économique, santé, etc.), choses qui sont bien sûr légitimes, mais qui renforcent son contrôle sur nous (et - du coup - désolidarisent les humains).

Par conséquent, même si ce livre n'est pas toujours très simple, d'une part parce qu'il évoque des faits passés que tous nous avons oublié (nous ne nous rappelons jamais de l'histoire, et la somme d'informations que nous ingurgitons chaque jour nous empêche de nous rappeler de tout), et d'autre part parce qu'il s'adresse là à des personnes qui ont étudié le phénomène politique, néanmoins, il donne des clés indispensables pour se situer aujourd'hui dans notre contexte de société, et nous encourage à inventer de nouvelles manières d'être ensemble.

Bonjour Laudateur,
ne crois-tu pas que, dans ce que je lis ici comme dans ce que tu as écrit sur Illich, le risque soit AUJOURD'HUI (et il est grand !) que l'on ne prenne que la partie déconstructive de ces théories anarchistes, en prétextant qu'elle est exactement en ligne avec le néolibéralisme, sans se soucier de la partie constructive ?
Et, si tu le penses aussi, ne faudrait-il pas mettre ce type de précisions en évidence, dans une recontextualisation actuelle des pensées en question ? (Sachant que lorsqu'elles ont été élaborées, l'étatisme totalitaire communiste était encore bien présent sur la scène politique mondiale comme nationale...)
En d'autres termes, je me demande bien comment ces auteurs eux-mêmes auraient écrit, qui ils auraient pris pour cible s'ils vivaient aujourd'hui...?

[Pour ma part, c'est cette déconstruction ou "démythologisation", comme tu dis, déjà opérée par d'autres moyens qui m'a "refroidi" jadis de ce que j'ai lu des auteurs soi-disant anarchistes dans les années de mon adolescence fort éprise de sciences po...]

Salut à toi,

Bien, il me semble que tu as déjà posé ce problème, que j'avoue ne pas maîtriser. Je ne suis déjà pas très sûr de bien entendre le problème que tu poses.
De ce que j'en comprends, oui, en effet, il existe un lien de plus en plus fort entre l'anarchisme et le néolibéralisme. Ce lien de plus en plus fort, n'est fort, en fait, que lorsqu'on survole la question - ce que fait la plupart des gens, me diras-tu, oui, mais que peut-on y faire? On ne va pas forcer les gens à réfléchir un peu plus et à se documenter non plus.
Ils la survolent, raison de plus pour développer et préciser. Pourquoi pas? mais alors ce sera trop long et ils ne liront même pas.
Pour ceux qui veulent savoir, ils se renseigneront.
De toute façon, les buts de l'anarchisme sont quand-même bien loin du libéralisme, puisque le libéralisme ne milite que pour libérer le marché, tandis que l'anarchisme milite pour libérer l'homme.

En fait, ce serait à mon goût trop syncrétiste de tomber dans ce travers. Ce serait comme dire que l'islam, le bouddhisme et le christianisme sont une seule et même chose. Alors oui, ils ont des points communs, m'enfin de là à les confondre, il faut soit être de mauvais foi, soit leur enlever ce qui fait leur substance. Ici, même combat.

Et puis, mais peut-être ai-je tort, je ne suis pas capable à moi tout seul de présenter le tout de l'anarchisme. Certains vont palabrer pour s'y appliquer, et je leur tire mon chapeau. Moi je n'ai pas cette ambition. Mais si on me pose des questions sur ma vision du monde, j'y réponds volontiers, tout en avouant mes limites sans aucun complexe.
Pour une tentative de "recontextualisation actuelle des pensées en question", je ne peux que te renvoyer au site http://www.jacques-ellul.org/ pour des réponses en ce sens. Bonne lecture, et n'hésite pas à leur faire retour de tes remarques et questions!