[Martin Mystère. T. 281, Les Treize travaux ; T. 291, Le Code Caravage | Daniele Caluri, Alfredo Castelli]
En 2005, un crime mystérieux est perpétré à New York. Le tueur incise dans la paume de sa victime un curieux dessin identique à ceux d’autres assassinés au milieu du dix-neuvième siècle à Paris. 1847, le talentueux et jeune Gustave Doré en visite à Paris tente de faire imprimer une série d’estampes représentant les 13 travaux d’Hercule. Inspiré par un triptyque anonyme du Louvre, le dessinateur a inventé un treizième travail herculéen : le héros éliminera la bête de Poséidon. Le fantôme du Louvre étrangle le gardien et décroche le triptyque puis récupère ensuite le dessin de Doré en liquidant son possesseur, un espion à la solde d’un curieux et intrigant policier borgne. Tous les meurtres passés et présents possèdent un point de convergence sous la montagne Sainte-Geneviève à Paris. Dans le labyrinthe des souterrains dont le sous-sol parisien regorge, Martin Mystère va retrouver la trace des premiers Mérovingiens et livrer bataille à la bête de Poséidon, luttant dans l’espoir de vaincre une malédiction dont il est aussi victime.
Le lecteur navigue à vue dans le merveilleux puisque l’énigme policière se résout dans l’irrationnel. Il vaut mieux en prendre son parti avant d’entamer ce genre de lecture. Il n’y aura pas d’explication logique à l’intrigue et le yoyo entre les époques peut donner un peu le tournis. Le dessin n’est pas d’un haut niveau et n’accroche pas l’œil en déclenchant des ondes de plaisir. Reste l’agrément de parcourir un « pulp » comme à la grande époque de la bande dessinée populaire. Les compléments historiques à la fin de l’aventure sont bienvenus et informatifs. On en sait un peu plus sur Vidocq, Belphégor, le Charivari, etc.
La 2e aventure du recueil tourne autour de la vie du peintre Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571-1610). Martin Mystère accompagné de son ami Java (dont les borborygmes : « Mgr… Rgh… » demeurent pertinents pour Martin alors qu’ils sont énigmatiques et drôles pour le lecteur) vont se rendre sur l’île de Pianosa, dans l’archipel toscan, afin de relever et comprendre une inscription gravée sur une roche de l’île. Un éminent chercheur américain spécialiste du Caravage vient d’être tué sur les lieux mêmes. Apparemment, il en savait trop sur le « Code Caravage » dissimulée dans l’inscription lapidaire. Qui est l’énigmatique commanditaire du meurtre ? Pourquoi surveille-t-il si jalousement la roche gravée ?
Etonnamment mieux dessiné que Les Treize travaux, Le Code Caravage se lit très agréablement. L’histoire du peintre italien s’intercale habilement dans le récit contemporain. Les notes historiques annexes en fin de volume sont intéressantes et situent bien les emprunts faits par les auteurs à l’histoire. Le Code Caravage incite à explorer davantage l’univers de Martin Mystère, américain d’origine française, professeur de cybernétique, tuteur de Java (véritable homme de Neandertal), fiancé à Diana Lombard (assistante sociale jalouse) et confronté à des ennemis redoutables et récurrents. En 1978, trois ans avant l’apparition d’Indiana Jones, le scénariste Alfredo Castelli avait déjà inventé Allan Quatermain, archéologue et aventurier britannique, prédecesseur de Martin Mystère, le détective de l’impossible à la recherche de l’arche de Noé ou de la tour de Babel.
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