Des costards taillés sur mesure.
Les scénettes d’« Open bar, 2e tournée » se suivent et finissent par se ressembler puis s’édulcorer dans les vapeurs d’une ébriété un peu lourde. La loufoquerie et le décalage ne supportent pas l’à-peu-près et Fabcaro, acrobate du verbe et de l’image, ne touche plus à tous les coups comme lors de sa précédente tournée. Pourtant, quand il fait mouche, ça fait un bien fou comme lorsque le porte-parole du syndicat des plombiers donne le motif de la grève, à savoir le refus de « faire passer la raie du cul apparente de 6,5 cm à 5,8 cm ». Pour avoir déjà subi cette exhibition inopinée, Fabcaro « va, cours, vole et nous venge » un peu, beaucoup, de la folie ordinaire qui mite nos vies versatiles. Le recueil tape dans le mille toutes les six planches environ et démarre vraiment quand le client demande des frites et face à l’incompréhension du vendeur rectifie en précisant : « Des Royal Groove Sunlight Texas Fabulous Maxi Funky Dance ». D’autres pépites brillent dans l’Open bar à l’exemple du sinistre trio d’experts minimisant une catastrophe industrielle tel Lubrizol : « Molécules en suspension dans l’air, Mmhh, je me sens belle et ça se voit ! ». Il y a encore la formule : « Subtile délectation » pour se substituer à la rengaine : « Bonne dégustation », elle-même supplantant l’éternel « Bon appétit ». Par ces petites merveilles vengeresses, l’ouvrage retrouve du lustre.
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