Le second tome clôt le diptyque magistralement amorcé en 2008. Lulu femme nue a quitté son amant de passage. Elle poursuit son errance sans attache et aboutit sur la côte vendéenne. Sans le sou, à la rue, endurant la faim et le froid comme une clocharde, Lulu décide de se ressaisir et de passer à l’action. Elle agresse une vieille femme au distributeur automatique de billet en lui arrachant son sac et en la projetant au sol mais Lulu ne sait pas y faire. Elle revient, somme la personne âgée de ne plus crier, l’aide à se relever, s’excuse et la raccompagne chez elle. Marthe, derrière ses lunettes épaisses, sait voir le cœur des êtres. D’abord revêche, elle finit par inviter Lulu à partager son repas, lui offre le gîte et lui propose un marché étonnant. En échange du gîte et du couvert gratuits, Lulu devra raconter à Marthe ce qu’elle a vu dans la journée. Les anecdotes défilent et Marthe se marre, parfois prise au piège des racontars de Lulu. La solitude est repliée dans un coin pour quelque temps. La rencontre avec Virginie, serveuse de bar tyrannisée par une bistrotière infâme, jette Lulu dans le doute et l’effarement.
Fait de petits riens, le récit est pourtant captivant et le suspens entier surtout qu’à mi-parcours, on sait qu’une personne va mourir. L’histoire est menée sous la houlette de Morgane, lycéenne et fille de Lulu qui raconte le déroulement de l’errance de sa mère aux amis de la famille réunis pour la circonstance. Arrive un moment où le passé proche rejoint le présent avec un dénouement à la clé. Tout est probable et les comportements n’ont rien de stéréotypés. L’émotion affleure souvent dans la banalité du quotidien, dans les non-dits de situations conventionnelles. La véracité du propos n’en est que plus flagrante et le lecteur reçoit avec délice une bouffée d’optimisme à travers l’humanité qui nimbe les personnages principaux. Le dessin d’Etienne Davodeau n’a rien de saisissant mais il est totalement au service d’une narration claire, n’entravant jamais la compréhension et l’émotion que les couleurs aquarellées fluidifient et densifient encore.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]