6 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 3 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : crete, grece, jouissance, nature, peuple, sagesse
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[Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki] |
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Auteur |
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Message |
Franz
Sexe: Inscrit le: 01 Déc 2006 Messages: 1992 Localisation: Nîmes
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Posté: Mar 21 Mai 2019 12:12
Sujet du message: [Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki]
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« J’ai fait sa connaissance au Pirée où j’étais descendu prendre le bateau pour la Crète ».
Reprendre la lecture d’« Alexis Zorba » après des décennies, grâce à une nouvelle traduction remarquable, permet de retrouver l’amitié solaire entre deux hommes, voguant de l’aube au crépuscule et d’en saisir l’esprit au vent léger des pages qui pulsent, pivotent et s’amoncellent au fil d’une lecture enchantée comme si la vie pouvait se rejouer indéfiniment avec les mêmes élans. Il s’agira d’en savourer tous les instants, depuis la rencontre entre Zorba et Kazantzaki, dans un bistrot du Pirée jusqu’au don du santouri, la cithare céleste, l’âme de Zorba.
Alexis Zorba cherche une embauche et propose spontanément ses services au narrateur, double de Nikos Kazantzaki, en partance pour la Crète et l’exploitation d’une mine de lignite. Zorba, homme libre et vivant, fascine par sa faconde, ses histoires et ses réflexions. Le narrateur se laisse porter par la présence de Zorba et par la magie de la Crète, terre mythique immémoriale : « Ce paysage crétois… sobre, dépourvu de richesses superflues, puissant et retenu, allait à l’essentiel… Mais au milieu de ces lignes sévères… Dans des cuvettes, à l’abri du vent, citronniers et orangers répandaient leurs effluves… ». Le narrateur va délaisser sa cérébralité, entrer en résonance avec Zorba, la Crète, ses habitants, l’espace et le temps se dilatant, la présence au monde se densifiant : « Le rythme cyclique du temps, la course de la roue du monde, les quatre visages de la terre que le soleil éclaire tour à tour, la vie qui s’en va, et nous qui nous nous en allons avec elle, tout cela instilla à nouveau le trouble dans mon cœur. J’entendis à nouveau retentir en moi, avec le cri de la grue, la terrible mise en garde: cette vie est unique pour chacun de nous, il n’y en a pas d’autre, elle passe promptement, et tout ce dont on peut jouir, c’est ici qu’on en jouira. Nulle autre occasion ne nous sera offerte jusqu’à la fin des temps ».
Si Nikos Kazantzaki a changé le prénom du véritable Zorbas rencontré dans des conditions similaires, passant de George Zorbas (1865-1941) à celui d’Alexis Zorba, peut-être est-ce pour enchâsser l’alphabet, entre le A et le Z ? Zorba agit comme s’il devait mourir à tout instant. Sans dieu ni maître, sans crainte et sans regret, il vit pleinement le moment, sensible, à l’écoute et sa trajectoire de vie ouvre sur l’infini.
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[Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki] |
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Auteur |
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Message |
andras
Sexe: Inscrit le: 20 Sep 2005 Messages: 1800 Localisation: Ste Foy les Lyon (69) -- France
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Posté: Jeu 21 Avr 2016 17:15
Sujet du message: [Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki]
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En repensant à "L'oratorio de Noël", le livre de Göran Tunström que j'ai lu précédemment, je me suis dit que ce livre-ci aurait pu s'appeler "L'oratorio du Printemps" ou encore "Prélude à l'après-midi d'un faune", tant la nature y est célébrée avec bonheur, et tant cet Alexis Zorba me fait penser à un faune bondissant, prêt à tous les excès vers lesquels sa nature exubérante l'entraine.
Mais ce livre va bien au-delà d'une pure célébration des joies de la vie. Car cet hymne à l'amour des plaisirs terrestres est curieusement chanté par un intellectuel grec d'une trentaine d'années, plongé dans ses livres et dans l'écriture, une "souris papivore" comme le moque un ami cher, qui va s'enticher de cet Alexis Zorba, un macédonien baroudeur d'une soixantaine d'années, mais d'une énergie qui semble inépuisable. Les deux personnages si dissemblables se rencontrent sur un port et ils vont faire équipe pour exploiter une mine de lignite en Crète, et peut-être, pour le narrateur, terminer un livre sur "Bouddha".
J'ai beaucoup aimé l'honnêteté avec laquelle le narrateur confronte ses préjugés d'intellectuel au formidable appétit de vie et de liberté de Zorba, et à sa morale simple et forte (qui, par exemple, lui commande de ne jamais se refuser à une femme qui a envie de lui). A côté de Zorba, magnifique et naïf, les pieds dans la terre et les narines grand ouvertes, le narrateur se peint en creux comme un rêveur invétéré, sensible à l'autre mais timide, vite effarouché devant l'appel d'une femme : "J'étais descendu si bas que si j'avais eu à choisir entre tomber amoureux d'une femme et lire un bon livre sur l'amour, j'aurais choisi le livre.". Mais leur camaraderie va s'affirmer au fil des jours et des aventures communes et leur amitié inconditionnelle et sans exclusive est une des belles leçons de ce très beau roman.
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[Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki] |
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