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[Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki]
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Franz



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Posté: Mar 21 Mai 2019 12:12
MessageSujet du message: [Alexis Zorba | Nikos Kazantzaki]
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« J’ai fait sa connaissance au Pirée où j’étais descendu prendre le bateau pour la Crète ».
Reprendre la lecture d’« Alexis Zorba » après des décennies, grâce à une nouvelle traduction remarquable, permet de retrouver l’amitié solaire entre deux hommes, voguant de l’aube au crépuscule et d’en saisir l’esprit au vent léger des pages qui pulsent, pivotent et s’amoncellent au fil d’une lecture enchantée comme si la vie pouvait se rejouer indéfiniment avec les mêmes élans. Il s’agira d’en savourer tous les instants, depuis la rencontre entre Zorba et Kazantzaki, dans un bistrot du Pirée jusqu’au don du santouri, la cithare céleste, l’âme de Zorba.
Alexis Zorba cherche une embauche et propose spontanément ses services au narrateur, double de Nikos Kazantzaki, en partance pour la Crète et l’exploitation d’une mine de lignite. Zorba, homme libre et vivant, fascine par sa faconde, ses histoires et ses réflexions. Le narrateur se laisse porter par la présence de Zorba et par la magie de la Crète, terre mythique immémoriale : « Ce paysage crétois… sobre, dépourvu de richesses superflues, puissant et retenu, allait à l’essentiel… Mais au milieu de ces lignes sévères… Dans des cuvettes, à l’abri du vent, citronniers et orangers répandaient leurs effluves… ». Le narrateur va délaisser sa cérébralité, entrer en résonance avec Zorba, la Crète, ses habitants, l’espace et le temps se dilatant, la présence au monde se densifiant : « Le rythme cyclique du temps, la course de la roue du monde, les quatre visages de la terre que le soleil éclaire tour à tour, la vie qui s’en va, et nous qui nous nous en allons avec elle, tout cela instilla à nouveau le trouble dans mon cœur. J’entendis à nouveau retentir en moi, avec le cri de la grue, la terrible mise en garde: cette vie est unique pour chacun de nous, il n’y en a pas d’autre, elle passe promptement, et tout ce dont on peut jouir, c’est ici qu’on en jouira. Nulle autre occasion ne nous sera offerte jusqu’à la fin des temps ».
Si Nikos Kazantzaki a changé le prénom du véritable Zorbas rencontré dans des conditions similaires, passant de George Zorbas (1865-1941) à celui d’Alexis Zorba, peut-être est-ce pour enchâsser l’alphabet, entre le A et le Z ? Zorba agit comme s’il devait mourir à tout instant. Sans dieu ni maître, sans crainte et sans regret, il vit pleinement le moment, sensible, à l’écoute et sa trajectoire de vie ouvre sur l’infini.

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