26 livres correspondent à cette oeuvre.
Il y a actuellement 7 notes de lecture correspondant à cette oeuvre (voir ci-dessous).
Mots-clés associés à cette oeuvre : anticipation, apocalypse, civilisation, communaute, contre-utopie, eau, ecologie, esclave, fin du monde, futur, futuriste, manipulation genetique, mondialisation, paris, patriarcat, pessimisme, polygamie, progres, rechauffement climatique, ruralite, sacrifice, science-fiction, totalitaire, utopie, ville, ville futuriste
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Swann
Sexe: Inscrit le: 19 Juin 2006 Messages: 2649
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Posté: Dim 26 Jan 2025 19:31
Sujet du message:
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Un jeune étudiant frais émoulu en ingénierie, très brillant mais pauvre, François, se fait fait éconduire par une amie d'enfance, Blanche, qu'il souhaitait épouser. Désormais lancée sous le nom de Régina Vox, celle-ci pouvait prétendre à des mariages plus fructueux, opportuns et lucratifs et François se proposait de récupérer la belle, quand tout s'éteignit dans la nuit... Dans un futur tel qu'on pouvait l'imaginer dans la première moitié du XXème siècle, René Barjavel nous fait assister à un grand crash technologique, tel que nos collapsologues actuels l'envisagent. Sa croyance dans la fragilité du progrès et sa misanthropie apparaissent dès ce roman.
En le commençant, j'ai lu avec un peu de distraction les marques futuristes parsemées pour nous faire comprendre où nous étions, plus sensible à ce qui ressemblait pourtant toujours fort aux années 40... Mais c'est tout de même bien trouvé et la place des morts était une idée très originale. Mais l'invraisemblance dans la situation du début du roman !... Rien ne colle. Des amis d'enfance qui se plaisent mais se connaissent si peu et sont prétendument intimes... ? Et elle qui le trouve si ennuyeux cultiverait le lien depuis tant d’années alors qu’elle vise plus haut ? Tant de fausses notes, je trouve, m'ont gâché la lecture... et pourtant, j'étais captivée chaque fois que je la reprenais. C'est fluide, ça se lit bien.
En revanche, j'ai été étonnée que ce récit puisse rester l’œuvre-phare de l'auteur, quand il est si en-dessous de La Nuit des temps , à tous points de vue. J'ai vu qu'il avait déjà eu l'idée de l'ancêtre de la mange-machine.
On ne peut rien contre des propos réactionnaires à cette époque, je veux bien l'entendre, l'attitude paternaliste voire sexiste de François, dont la suite nous confirmera qu'il n'a pas de tendances libérales, était répandue. La finesse de gros sel avec laquelle il imagine que les vierges souffrent aussitôt d'une étrange maladie (les femmes, les femmes, hein ! les hommes, ce n'est pas pareil !) et qui permet à François (et au lecteur) de savoir que sa belle n'a pas perdu sa fleur dans ses égarements, m'a navrée. Les sacrifices animaliers permanents font penser à Tintin au Congo et aux réifications permanentes de l'autre, tout une époque où l'on ne saurait prêter des affects à un animal ni se questionner sur ses droits.
Je me suis demandé pourquoi cela n'a moins gênée dans des romans de la même époque puis j'ai compris : Barjavel a laissé croire que la situation initiale du début du roman était atroce - ce qui est discutable - et qu'il présentait une utopie enviable à la fin. Comme je rejette de toutes mes forces la communauté fondée à la fin et ses règles qui ne laissent pas de place au libre choix individuel (comme le nom de "communauté" le laissait prévoir), c'est bien normal que j'aie du mal à l'apprécier.
J'ai au demeurant très bien compris le succès du roman : outre que le choc atroce que fut la guerre, changeant du tout au tout les vies des Français, peut leur avoir donné l'impression qu'il fallait se replier sur l'essentiel, le symbole de l'homme "providentiel" pour guider les ouailles perdues parlait à tout le monde.
En ce qui me concerne, je préfère La Nuit des temps , et loin de là, même si Éléa n'est pas plus sympathique et qu'on y retrouve - tiens, tiens ! - le thème du scientifique qui va tout reprendre en main, y compris le peuplement de la terre, l'utopie et la dystopie.
Citations :
Qu'allait-il devenir, lui qui ne se déplaçait jamais que par le secours des moteurs, qui parcourait volontiers quelques milliers de kilomètres dans sa journée, mais à qui cent cents mètres paraissaient une distance terrifiante s'il s'agissait de la couvrir à pied ? Il n'avait jamais rien fait de ses mains. Il avait toujours eu, pour répondre à ses besoins, une armée de subordonnés et d'appareils perfectionnés. Leur service impeccable lui paraissait aussi naturel que le bon fonctionnement des organes de son corps. D'un seul coup, tout cela, tout autour de lui, disparaissait, l'amputait de mille membres, et le laissait seul avec lui-même pour tout serviteur.
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onaris
Inscrit le: 28 Fév 2009 Messages: 1467 Localisation: Occitanie
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Posté: Mar 04 Oct 2022 6:05
Sujet du message:
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En 2052, l'humanité vit dans une société où les machines et la technologie sont omniprésentes. Aussi bien dans les transports que l'alimentation, la mode vestimentaire, les multimédias.
Alors qu'une guerre est sur le point d'être déclenchée par un dictateur noir sud-américain contre son voisin du nord, une anomalie électrique provoque l'arrêt de toutes les machines, clim, avions privés, ascenseurs, alimentation en eau et en lait...
C'est la chute des villes et le dur apprentissage des citadins au retour à la vie rurale. Retour d'autant plus dur que la Nature semble se venger des crimes commis par l'Humanité.
Un livre achevé en 1942, très dur, à la morale misogyne et patriarcale, où on brûle les livres...
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[Ravage | René Barjavel] |
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Message |
rivax
Sexe: Inscrit le: 08 Avr 2009 Messages: 781 Localisation: Au pays des grenades
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Posté: Dim 26 Avr 2009 20:05
Sujet du message: [Ravage | René Barjavel]
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Récemment, j'ai relu Ravages et découvert que ce livre datait des années 30. C'est toujours impressionnant de lire un livre aussi visionnaire, car ce qui inquiète dans Ravages c'est que la société qui y est décrite n'est pas très éloignée de la nôtre, aujourd'hui. Certes avec quelques petits écarts (en 1930, Barjavel n'avait pas pressenti l'avènement de l'ordinateur, forcément aujourd'hui, çà fait un peu tâche!), mais dans l'ensemble, on se dit qu'on en est pas très loin. En fait, le Paris décrit par Barjavel me fait un peu penser au Paris de Jacques Tati, dans 'mon Oncle' où la modernité jouxte la vieille ville avec son herbe entre les pavés, ses terrains vagues et ses rémouleurs de couteaux.
Donc, si la société y ressemble, il n'y a qu'un pas pour imaginer que le drame qui provoque l'exode d'un groupe d'aventurier de Paris en ruine vers la province pourrait aussi se produire!
C'est un livre poétique, visionnaire et triste. Dans la branche sciences fictions, c'est à mon sens le meilleur Barjavel, ex-æquo avec 'la nuit des temps'. Je trouve que tous les autres Barjavel SF sont des ersatz de l'un de ces romans, voire un mélange des deux.
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[Ravage | René Barjavel] |
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imaspy
Sexe: Inscrit le: 14 Mar 2008 Messages: 125 Localisation: Belgique, Athus
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Posté: Mer 02 Juil 2008 15:04
Sujet du message: [Ravage | René Barjavel]
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1ère partie, "Les temps nouveaux": j'accroche immédiatement. A l'écriture, sobre mais sensorielle, à l'humour caustique (l'oeuf, les os en plastec), et à l'anticipation: réchauffement climatique, mondialisation, hydroculture et manipulations génétiques, campagnes délaissées et villes engorgées, épuisement des matières premières (eau), humains esclaves du progrès,... Le roman est écrit en 1942, et je me dis: épatant.
"La chute des villes" et "Le chemin de cendres" constituent l'essentiel du bouquin. Ici aussi, le style fait mouche, en dépit de quelques longueurs (principalement dans "Le chemin des cendres").
La dernière partie, "Le patriarche", devient carrément dérangeante, voire écoeurante. Par l'intérmédiaire de François, le personnage principal, Barjavel reconstruit un nouveau monde aux valeurs dignes d'un régime totalitaire: autorité et culte d'un patriarche omnipotent, religion basée sur l'amour de Dieu et de la famille, hypervalorisation du Travail, destruction des livres (!), qui encouragent à penser et sont donc la source du Mal absolu: le progrès. (Heureusement, Bradbury proposera en 1953 un autre point de vue sur la destruction des livres).
A plusieurs reprises, j'ai lu la réputation misogyne de l'auteur. Pour moi, le caractère choquant se trouve bien au-delà. Certaines expressions me laissent déconfite: "la mâle autorité", "le courroux divin", "une race de maîtres". Le futur chef, Paul, est un archétype de la "race pure": blond aux yeux bleus, musclé, viril. Le roman est écrit en 1942, et là je me dis: l'auteur s'est-il laissé séduire par quelque nauséabonde idéologie?
En résumé, ma note est pour l'écriture et pour la 1ère partie, très séduisantes. Quant au reste, si je dois un jour détruire un livre, ce sera la dernière partie de Ravage.
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[Ravage | Rene Barjavel] |
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