[Le Vent dans les saules. T. 1, Le Bois sauvage | Michel Plessix]
Taupe rame. Rat tient l’ombrelle. La barque passe nonchalamment sous le saule. Le Bois sauvage est le premier tome adapté par Michel Plessix d’après le roman de Kenneth Grahame Le Vent dans les saules. Les animaux portent leurs noms d’animaux (le crapaud s’appelle Crapaud ; la loutre, Loutre ; le blaireau, Blaireau…) et arborent des habits humains. Ils n’en conservent pas moins leur aspect originel de bête même s’ils devisent, pensent et soupirent tels des hommes oisifs du XIXe siècle. Le pique-nique, le voyage en roulotte, la traversée du bois sauvage sont prétexte à de menus incidents que les personnages débonnaires absorbent avec flegme. « Un froid sec venait griffer les bonnes joues de Taupe. » Le suspense et l’intrigue sont donc inexistants en dépit de fouines travesties en voyous à la fin du premier album.
On se laisse prendre au piège du dessin fouillé, élégant, nimbé de couleurs légères. On en est presque à sentir le moelleux d’un fauteuil, la saveur d’un fromage, l’odeur du printemps. On dirait que le temps ne fabrique plus les heures perdues mais se tient suspendu au-dessus d’un monde suave et suranné comme l’imaginait l’artiste ou le rentier de jadis. On a parfois l’impression que le dessin perd ses contours et ses couleurs à l’image d’un rêve qui s’édulcore à l’approche du réveil. Est-ce de l’ennui ou de l’enchantement que l’on ressent à la lecture du premier volet ouvert sur la rivière émolliente où flottent le vent, les saules, Taupe, Rat et consorts ? S’il te plaît, Plessix, dessine-moi un thon mou !
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