[Retour à la Terre. T. 2, Les Projets | Manu Larcenet, Jean-Yves Ferri]

Le quotidien aux Ravenelles de Manu et Mariette continue de s’effilocher dans le second tome du Retour à la terre, Les Projets. On retrouve les protagonistes du précédent volume, un peu plus inconsistants encore. Les gags sont reprisés comme des vieilles chaussettes. La gnôle de Monsieur Henri, propriétaire à béret, devrait servir à tuer les limaces mais Manu, découvert in extremis par le donateur de l’eau-de-vie, préfère se soûler plutôt que d’avouer qu’il va gaspiller le tord-boyau du proprio. L’ancien maire, ermite et stylite, le cheveu et la barbe au plancher, « ne bouge pas d’un poil ». Seul le gag de l’affiche pour la fête du cochon qui file sur plusieurs planches entraîne des sourires chez le lecteur. Manu, transformé en loup face au maire et à ses deux affidés métamorphosés en trois petits cochons demandant d’écrire le titre de l’affiche en forme de jambon est assez poilant. Ensuite, la boulangère aux miches généreuses, Speed le chat amorphe, l’épicier et ses gommes, Mariette et son désir d’enfant, la naissance du premier radis, la venue d’Esope, garçon esseulé, l’apparition du chasseur : « Autochton priorit ! », tout cela amuse trop peu. C’est d’autant plus dommage que la matière est riche mais la manière est trop bridée. L’utilisation des pesticides, l’égoïsme et les idées reçues, la constante surveillance des villageois entre eux sont bien distillés dans l’album mais il manque une charge plus lourde ou une vision plus délirante des auteurs vis-à-vis de la vie à la cambrousse.

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