Respect de la parole donnée, amour filial, esprit de sacrifice, loyauté, soumission aux lois du clan, Thorgal, Aaricia, Jolan, Louve et Aniel sont bien droits dans leurs spartiates. Morgue, cruauté, égoïsme, rancune restent l’apanage des dieux d’Asgard, Odin l’entêté en tête, ainsi que des hommes vils qui parsèment la saga du fils des étoiles. Le 29e opus de Thorgal démarre sous les meilleurs auspices avec un héros vieilli et mourant et surtout une mise en couleur directe du plus bel effet sur les six premières planches. Aaricia a quasiment le visage d’une madone éplorée peinte par Botticelli (p. 6). L’atmosphère est poisseuse et le châtelain a un air de molosse enragé. Tout se gâte et s’édulcore dès l’arrivée du petit dieu Vigrid dissimulé sous la peau d’un ours (p. 9). Thorgal dispose alors d’un sursis de deux jours, les larmes de Tjahzi au cou, pour foncer et trouver un médecin dans l’entre-monde. On ne saura pas si Manthor est sincère mais le prix à payer coûtera une larme au héros.
La saga Thorgal est depuis longtemps moribonde à l’image de son héros, probablement depuis Les Archers, malgré quelques sursauts salutaires. Les héros sont usés jusqu’au bout des tongs et les poncifs éculés jusqu’à la trame. Pourtant, les épisodes se lisent avec le plaisir de l’orpailleur à la recherche d’une pépite. On ne sait jamais à l’avance où elle va se nicher mais on est quasiment assuré d’en percevoir l’éclat à chaque nouvelle aventure, au détour d’une image enluminée.
Il s'agit du dernier volume scénarisé par Van Hamme. Yves Sente inventera les nouvelles histoires de Jolan. Espérons qu'il trouvera le souffle de l'épopée qui manque à la série.

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Je partage cette analyse de Thorgal,
depuis pas mal d'année, d'ailleurs je pense que ça fait 4 ou 5 ans que je ne lis plus ce qui sort.
C'est bien dommage parce que je pense qu'il y a quelque chose mais que, s'agissant de Thorgal, il faut savoir se contenter de certains tomes clés.

Au final, Van Hamme me donne l'impression de sortir l'album annuel non pas vraiment parce qu'il a quelque chose dire mais parce que l'éditeur le demande et qu'on sait que ça va se vendre.

C'est pourtant avec Thorgal, Largo Winch et XIII que j'ai commencé à me mettre à la BD, mais prêt de 10 ans plus tard, ces titre sont plutôt devenus pour moi synonymes de ce que je n'aime pas en BD.

Bonjour,

Merci pour votre réaction. Je lis et collectionne de la BD depuis 1968, annnée de folle audace. Je suis passé par les petits formats (Blek, Yuma, Zembla...), les super héros (Fantask, Strange, Marvel...), les journaux (Tintin, Pif, Mickey, Spirou, Pilote...). L'album est venu tardivement. Il a été propulsé sur le marché par une demande de la part d'une clientèle aisée. La BD était d'abord bon marché, populaire. Elle est devenue élitiste et snob. Il était de bon ton d'aimer Hugo Pratt, Munoz et Sampayo et maintenant "la nouvelle bande dessinée". Pourquoi pas mais l'histoire de la bande dessinée est déjà extrêmement riche. Il y en a pour tous les goûts. Il suffit de fouiller un peu même si le marché a fait flamber les prix. On peut encore dénicher des vieilles BD pas du tout défraîchies pour des sommes dérisoires. Aussi, ce que je voulais dire c'est qu'il ne faut pas renier ce que vous avez aimé. Le premier Largo Winch m'a procuré un grand plaisir et je le relirai volontiers. Je persiste donc à lire les vieilles séries avec le désir d'éprouver encore un peu du plaisir d'antan.

Bonne journée.

FRANZ

Je comprends votre point de vue,
on peut défendre le même à propos de la littérature et de toute forme de création, je suppose.

En réalité je ne renierai pas quelques tomes clés de thorgal.
Simplement après j'ai découvert Yslaire et Loisel, sambre et Peter Pan, et franchement, je préfère.
et peut être que je suis snob.

Mais surtout, ce que je n'aime pas, c'est d'avoir l'impression qu'on se moque de moi. Et franchement ce nouveau tome de Thorgal qui sort tous les ans a ce petit arrière-gout désagréable.

En revanche, j'ai beaucoup de respect pour un vieux truc de van hamme qui ne dure que 3 tomes : SOS Bohneur.

Bonjour,

Oui, vous avez raison. On peut en dire autant de toute forme de création : cinéma, littérature, musique... Disons qu'il y a des oeuvres qu'on épuise à la première lecture et d'autres qui continuent d'irradier sans jamais se tarir. La chose importante est de trouver du plaisir dans ce qu'on fait, d'avoir l'impression de ne pas perdre son temps et enfin de se sentir enrichi. Je ne crois pas que Van Hamme ait le souci du tiroir-caisse (plus maintenant) et qu'il prenne le lecteur pour un idiot. Son fonds de commerce a toujours été d'utiliser les poncifs comme d'autres n'écrivent qu'avec des clichés littéraires. J'ai eu du plaisir à lire Les Maîtres de l'orge, Domino, Arlequin et même SOS bonheur mais je ne garde aucune nostalgie de ces bd hormis Domino dessiné par André Chéret. Yslaire et Loisel sont des créateurs admirables bien qu'ils puissent aussi se fourvoyer, hélas ! Quoi qu'il en soit, la bd me semble être un art majeur.

Bonne journée.

FRANZ