Le nom du monde est forêt.
La constitution d’un herbier, soit, plus prosaïquement, un livre empli de fleurs séchées, trouve peut-être son essence dans la compilation et la connaissance des plantes médicinales, panacée espérée des maux humains. Celui du Muséum national d’histoire naturelle de Paris est le plus grand du monde avec plus de huit millions de spécimens collectés. Constamment enrichi depuis plus de trois cents ans, il représente presque la moitié de la flore mondiale identifiée et constitue un outil irremplaçable pour les botanistes d’aujourd’hui. Marc Jeanson, ingénieur agronome, spécialiste des palmiers asiatiques est, depuis 2013, responsable des collections de l’herbier national. A ces titres, il raconte la naissance de sa vocation de botaniste et déroule le tapis vert en esquissant l’odyssée de ses illustres prédécesseurs ainsi que la vie au sein de l’Herbier, dénomination du bâtiment et des collections qu’il abrite. Epaulé dans son travail d’écriture et de documentation par l’ingénieure paysagiste Charlotte Fauve, il peut offrir de multiples historiettes enlevées qui dessinent par petites touches la grande fresque du vivant, sa complexité et sa fragilité. Quand l’observation scientifique se mâtine de finesse et de sensibilité, la pensée se délie subtilement : « Arriver au cœur d’une forêt ancienne, c’est comme retrouver le chemin que l’on avait perdu. Evidemment, il n’y a pas de sentier à proprement parler mais le ressenti physique est le même : la sensation d’espace revient, la température baisse, cela sent l’humus. Même le rapport au son change, les chants d’oiseaux et d’insectes montent, ils remplissent l’espace. La forêt « vierge » a quelque chose de moelleux, stable ». La description du monde est un art nimbé de nostalgie surtout quand les plantes ont déjà disparues avant même d’être nommées et décrites.
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