Un témoignage sur le suicide d'une ado victime de harcèlement, écrit par la mère: c'est synonyme d'une lecture difficile sur le plan émotionnel. Pourtant, plus que le désespoir d’une ado confrontée au harcèlement, c’est la détresse de la mère que je me suis prise de pleine face. Et cette détresse, emplie de colère et de sincérité, m’a réellement fait souffrir tant l’empathie fût forte pendant la lecture.
Le livre a été écrit à peine deux ans après le suicide de Marion, et objectivement je pense qu’il aurait gagné à être écrit un peu plus tard, avec plus de recul (si tant est qu’il soit possible d’avoir, en tant que mère, du recul sur un tel drame). En effet, comme dit plus haut, j’ai trouvé que la détresse de la mère prend le pas sur celle de la fille, et que cela noie quelque peu le message sur le harcèlement. En revanche, le dernier chapitre est fort intéressant, en donnant des pistes possibles pour éviter le laisser-faire. Et cela reste un témoignage très puissant permettant de sensibiliser les jeunes. Je n’hésiterai pas à conseiller ce livre à un ado - ne serait-ce que pour qu’il réalise les conséquences absolument dramatiques d’un suicide sur tout l’entourage (quelque soit la cause du suicide) alors qu’il existe d’autres portes de sortie quand on vit entouré d’une famille aimante.
J'ai été estomaquée par l'apparente politique de l’autruche du collège, et par la réaction de certains parents qui font le choix de protéger leur progéniture à n’importe quel prix. Je ne sais pas ce que j’aurai fait si j’étais le parent d’un des enfants harceleurs... mais j’espère que j’aurai emmené mon enfant chez un psy pour qu’il prenne conscience de ses actes, cesse, et tente de surmonter le sentiment de culpabilité qui doit bien être présent chez lui (?) même s’il est enfoui... sinon c’est encore plus inquiétant. Ceci dit, nous n'avons ici que le ressenti de la mère de Marion; peut-être que le collège et les parents des enfants harceleurs ont tenté de réagir, mais ont échoués.
J’ai recherché l’issue du procès et le jugement de première instance du tribunal administratif a donné raison à Nora Fraisse, tout en limitant la responsabilité du collège à 25%:
https://www.google.com/amp/m.leparisien.fr/amp/essonne-91/briis-sous-forges-marion-a-bien-ete-harcelee-au-college-03-02-2017-6650781.php
Je tenterai de suivre la décision de seconde instance (s’il y en a une) et l’action au pénal.
Contrairement à mon habitude je ne donnerai pas de note au livre car ce témoignage est vibrant de sincérité, et j’aurai l’impression d’indirectement noter les réactions d’une mère qui se met à nu. Alors qu’il n’y a qu’à écouter.
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