Le voyage en diligence dans la poussière, la chaleur et les cahots tisse des liens entre les passagers qui s’étudient et se jaugent, leurs regards posés sur la monotonie des paysages traversés. Kern Shafter et Josephine Russell se côtoient, semblent s’apprécier mais restent sur leur garde. A l’arrivée du train à Bismark, sur les rives du Missouri, chacun retourne à ses occupations. Schafter rejoint le fort Abraham-Lincoln pour se faire enrôler comme soldat du 7e de cavalerie où s’agite le général Custer. Immédiatement nommé sergent par le capitaine Moylan qui l’a connu précédemment durant les quatre années de guerre civile, Schafter doit gagner ses galons aux poings auprès des soldats s’il veut obtenir le respect.
Petites histoires d’hommes agités de contradictions, de certitudes et d’égoïsmes réunis sous la bannière des Etats-Unis, oubliant leurs querelles lorsqu’arrive la grande histoire et qu’éclate l’affrontement avec les milliers de Sioux menés par de grands chefs de guerre dont Sitting Bull et Crazy Horse, « Des clairons dans l’après-midi » sonnent comme une élégie quand les balles taraudent les chairs et que la soif gangrène les esprits. Le roman d’Ernest Haycox parle du quotidien des hommes du 7e régiment de cavalerie, des jaillissements du général Custer, de sa bravoure et de sa témérité, avide de reconnaissance et de gloire, inapte à recevoir des ordres bridant ses désirs et ses ambitions. L’Indien Sioux demeure invisible, omniprésent, redoutable. Le massacre de Custer et de son régiment n’est pas décrit. Aucune tunique bleue n’a survécu, ni médecin, ni éclaireur. Nul témoignage ne peut rendre compte de la lutte sans merci entre Sioux et Blancs. Haycox préfère l’ellipse. Si Little Big Horn reste une grande victoire indienne, elle a été néanmoins incapable d’endiguer la déferlante des colons, la mise à sac de la nature et le génocide en marche. Devenu par la suite un lieu mythique, le site des Black Hills retrouve dans le roman son aspect originel peu avant la chute des hommes.

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