La vie est une cage et l’oiseau des premières cases du tome 7 de 100 Bullets, hors des barreaux mais tout près du mitard, en fait les frais à la fin de l’histoire. Il n’y a plus aujourd’hui que des losers bourrés de stéroïdes, de cames et de vide ; le temps de Verlaine purgeant sa peine à la prison belge de Mons, en 1873, est définitivement révolu : « Un oiseau sur l’arbre qu’on voit/Chante sa plainte ». Dans le pénitencier d’Etat américain, Louis Hugues, surnommé Loop, sort de sa cellule d’isolement pour avoir intenté involontairement à la vie d’une brute épaisse. Afin de contrecarrer de sanglantes représailles, Loop cherche des alliances parmi les caïds du milieu carcéral. Lono, Minuteman free lance, débarque dans la fournaise. Sa réputation flatteuse de tueur de flic le précède avantageusement mais il n’a cure des avis des autres. Lono compte uniquement sur sa force bestiale et son absence absolue de moralité. Le Minuteman pense être à l’abri mais Shepherd, le bras droit armé du Trust lui rend visite. Il lui propose de prendre en main Loop afin de le former en prison à être un Minuteman en remplacement de Milo Garret que Lono a précédemment tué, ne sachant pas qu’il éliminait un des sept Minutemen qu’il appréciait plus particulièrement puisque Milo était couvert de bandelettes.
L’épisode suivant relate la virée en bagnole de deux jeunes hommes suicidaires, Jack Daw, armé par l’agent Graves d’un pistolet aux balles intraçables et de Mikey, tous deux héroïnomanes défoncés se pointant le flingue sur la tempe. Ils se rendent chez le cousin de Mikey, un sinistre individu qui organise des safaris sur place. Il endort les fauves qu’il détient en cage et les mafieux du coin les tirent ensuite à bout portant. Ce business ignoble finira par un carnage et une lueur d’espoir avec une échappée sur la plage en dernière ligne droite.
Le troisième volet du recueil d’une trentaine de pages est consacré à la renaissance d’un Minuteman, Victor Ray, réveillé par l’agent Graves. Alors qu’une bande de braqueurs se remet de ses émotions dans un rade, Victor commente le règlement de compte imminent au regard de l’histoire du Trust. Froid, déterminé, précis, ultra rapide, il va faire le ménage dans la rue avec l’arme remise par Graves.
Titré fort à propos, « Cages » déclinent les prisons humaines et animales, mentales et physiques. La violence et la perversion sont démentielles. La vie d’autrui n’a de valeur que marchande. Le Trust n’a jamais hésité à utiliser des spadassins, armés de fer et de feu, afin de s’accaparer toujours plus de richesses. L’Amérique a été leur terre promise depuis sa découverte et le Trust n’est pas du tout prêt à lâcher son morceau de choix. Une guerre est pourtant en train de s’ourdir entre Graves, Shepherd et les familles composant le Trust. Les Minutemen, bras armé de l’hydre, sont approchés selon un plan encore obscur par Graves et par Shepherd afin de participer au chaos en marche.
Les qualités déjà tant vantées du scénariste, du dessinateur et du coloriste sont encore fédérées ici au diapason d’un comics exceptionnel, d’une noirceur abyssale mais d’un pouvoir d’enchantement constant.
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