"Lisières" est paru aux Éditions des Penchants du roseau, librairie artisanale de la région rennaise, dont Christian Domec, le fondateur, se définit lui-même comme un "apprenti".
Se procurer l'un des titres de sa collection passe par l'envoi d'un mail à l'apprenti sus nommé, à la suite duquel vous recevez votre commande soigneusement emballée, accompagnée d'un note manuscrite de M.Domec...
J'aime bien : j'ai ainsi le sentiment d'être une lectrice importante !
La brièveté des six textes qui composent ce recueil fait qu'il se lit rapidement...
Mais le ton qui s'en dégage, et les étranges atmosphères dans lesquelles ils nous immergent, suscitent chez le lecteur des émotions dont il ressent l'écho longtemps après l'avoir terminé.
Marianne Desroziers sème au gré de ses nouvelles des madeleines proustiennes qui réveillent chez ses personnages la mélancolie liée aux souvenirs, et les font déambuler -et nous avec- le long d'une frontière devenue poreuse, séparant le réel de l'inconcevable, le passé du présent, les vivants des morts.
Un simple objet suffit. L'inspiration de l'auteure fait le reste, lui permettant de nourrir les rêveries de ses protagonistes, ou d'imaginer des aventures insolites, des existences multiples...
Certains de ses héros dégagent une espèce de douce morosité, et expriment comme un étonnement douloureux face au constat de ce qu'ils ont perdu, de l'inéluctabilité de la fuite du temps, que rend peut-être plus évidente encore ces fantômes qui s'invitent parmi les vivants, ou ces réminiscences qui s'imposent dans le présent.
On les imagine souvent silencieux, parfois même plongés dans la torpeur, tout absorbés qu'ils sont par leurs monologues intérieurs, et par les pensées que leur inspirent le spectacle de la mer du Nord, d'une vieille photographie retrouvée au fond d'un tiroir, ou encore le motif d'une couverture aperçue dans la vitrine d'une mercerie londonienne.
Marianne Desroziers nous tend un miroir pénétrable qu'elle joue à nous faire traverser d'un côté puis de l'autre. En explorant les possibilités de la fiction, en travaillant les hypothèses pour les rendre vivantes, elle dote ses petits textes d'un charme qu'accentue la touche surnaturelle dont elle les enrichit. L'humour s'associe parfois au surnaturel, comme c'est le cas dans "Le vice enfin puni", où nous découvrons comment la narratrice paye sa passion pour la lecture...
Ses histoires sont comme des portes ouvertes qui nous invitent, plutôt qu'à se torturer l'esprit pour tenter de comprendre ce qu'elle a voulu signifier, à laisser libre cours à nos propres ressources imaginatives...
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