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[On a marché sur la bulle. N° 28, Francq ; Bihel | Yanni...]
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Franz



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Posté: Jeu 15 Nov 2012 19:27
MessageSujet du message: [On a marché sur la bulle. N° 28, Francq ; Bihel | Yanni...]
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[On a marché sur la bulle. N° 28, Francq ; Bihel | Yannick Bonnant]

Philippe Francq est un homme pressé dont le temps est compté. L’entretien donné au fanzine à l’occasion de la sortie du tome 18 de Largo Winch n’y va pas par quatre chemins, franco de port (en mer Noire) si j’osais les calembours bien relou du magazine, exemple : « Philippe Francq. Force est de reconnaître que la frappe est en lui ! ». Je n’ai pas bien compris le sens mais si l’interviewer considère que Francq est une frappe (un voyou), alors il a intérêt à pratiquer l’art de l’esquive parce que les gnons vont pleuvoir. Quoi qu’il en soit, Francq travaille d’arrache-pied 322 jours par an pour mettre en page, crayonner et encrer une aventure de 46 planches quand Jean Van Hamme veut bien fournir le scénario à temps. Il faut encore compter les délais de la mise en couleur. La collaboration entre les deux hommes dure depuis plus de vingt ans. Il y a de la fidélité dans l’air. Le premier album de Largo Winch date de 1990. Le succès est tel que l’auteur se consacre exclusivement à cette série. D’ailleurs il a entrepris de refaire les couleurs des quatorze premiers tomes à l’aide de trois coloristes afin que la couleur « ne dépasse plus le trait noir ». On sent que l’œuvre se bâtit et se peaufine. La sortie d’un album est suivie d’une promotion que l’auteur cautionne mais oriente. L’accueil fait au fanzine montre néanmoins un dessinateur relativement ouvert aux médias, même confidentiels. Francq réalise aussi des ex-libris afin d’aider les libraires malmenés par les grandes surfaces, les ventes en ligne et consorts. On ne saura rien des goûts et des couleurs de l’artiste, en marge de son travail si ce n’est qu’il écoute parfois le silence et qu’il ne louperait « pour rien au monde l’émission radiophonique « Sur les épaules de Darwin » diffusée par France Inter le samedi matin de 11h00 à 12h00. Il ne dévore plus de bédé depuis des lustres alors qu’il a été un lecteur compulsif mais « il ne peut plus lire une bande dessinée sans l’analyser ». Des crayonnés de Colère rouge agrémentent l’entretien. Il n’y a rien de sensationnel, aucune révélation n’est faite ni personne n’est balancé. Comme le milliardaire de papier exsudant la « coolitude », Philippe Francq est sobre et zen, politiquement correct. La prochaine aventure de Largo Winch est déjà dans les tubes. Van Hamme a mis le turbo à son diesel. Les repérages à Londres sont pour bientôt.
L’interview suivante consacrée à Claude Pelet montre un dessinateur gardois discret mais bien campé dans sa tête. Continuateur inspiré de la bédé culte de Vicomte, Pelet a marqué son but d’un or filigrané avec le tome 2 de Sasmira. Les questions laissent parfois le lecteur sans voix mais le dessinateur fait le job et répond sans barguigner. Il y a du brassage de clichés dans le grand pot du lieu commun. La bouillie qui en résulte n’est pourtant pas totalement indigeste. Ses inspirations viennent de la peinture impressionniste pour la « lumière, la vie et les ambiances » et de Toulouse-Lautrec pour la virtuosité graphique. Ses goûts en bédé sont disparates avec des dessinateurs extraordinaires tels Franck Frazetta, John Buscema ou Gene Colan, d’autres discutables à l’exemple de Barry Smith ou de John Romita. Ses influences françaises sont aussi contestables avec Bilal ou Bourgeon mais c’est son choix et ça se discute comme disent les autres. A l’évidence, le lecteur averti ne sent pas une culture très développée du 9e art. D’ailleurs, Pelet reconnaît en fin d’entretien qu’il n’a jamais lu Jean Giraud, un monument en la matière, néanmoins, transmutation en plus.
Tête-bêche, on trouve un autre auteur avec Frédéric Bihel (« Les Héritiers du soleil »). On découvre son itinéraire sur un plan technique et relationnel avec des rencontres plantées comme des jalons. Il est bon de rappeler des évidences : « […] les outils se sont diversifiés, la palette graphique a rejoint le crayon et le pinceau mais les jeunes auteurs… se confrontent toujours à la mécanique du récit, aux recherches graphiques… Le support peut changer, se dématérialiser, il s’agira toujours de dessin et d’histoires à raconter ». La très courte interview suivant consacrée à Sébastien Morice (« Papeete ») est très intéressante et donne envie d’en savoir plus en se plongeant dans l’œuvre dessinée. Architecte non pratiquant, infographiste puis auteur illustrateur, Morice a cherché sa voie et se « désigne comme un vieux « jeune dessinateur » de 37 ans ». Avec le scénariste Didier Quella-Guyot, ils composent une histoire policière à Papeete en 1914, recherchant le vraisemblable grâce à une documentation conséquente mais sans prétendre restituer exactement un univers qui a disparu et dont « plus personne de vivant ne peut témoigner ». La multiplicité des détails en toile de fond rappelle le travail de l’illustrateur et ne sera probablement pas perçue lors d’une première lecture. Ces « petite choses qui magnifient la réalité » sont destinées à être découvertes lors d’une relecture. Les auteurs ont fait le « choix du non-dit, de la suggestion, des détails discrets ». L’album a aussi été remarqué pour ses couleurs « chaudes et sensuelles », ses « effets de lumière et d’ombre ».
Enfin, deux pages présentent le film d’Avril Tembouret sur Laurent Vicomte réalisé durant huit ans, le documentariste ayant été aspiré dans le « temps vicomtien » : « J’ai découvert sa difficulté d’avancer sur Sasmira et ses tentatives de renouvellement : réalisation de bijoux, écriture de chansons. » Le dvd sera disponible dans une édition collector de Sasmira.
Trois ex-libris de Thillet, Bihel et Morice parachèvent le dernier numéro d’OAMB qui se lit de bout en bout, avec un grand plaisir.

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