D’un ennui poignant, la lecture du premier volume du manga historique Bride Stories de l’auteure Kaoru Mori n’en reste pas moins captivante par la richesse des étoffes, des tapis, des bijoux, des boiseries, de la marquèterie où le dessin fouillé à l’extrême confine au sacerdoce tant la minutie est grande dans le rendu des textures et des entrelacs. Le petit format du manga ne rend pas grâce à la profusion des détails, à la composition des images. Il est aussi bien difficile de s’identifier à des personnages aux yeux disproportionnés, aux visages esquissés, aux expressions figées. Pourtant, il y a matière à s’enthousiasmer car l’histoire est riche, la géographie inconnue, les us et coutumes particuliers ; l’ensemble est dépaysant. Dans un petit village caucasien, probablement situé dans l’actuel Kirghizistan, sur la route de la soie, à la fin du XIXe siècle, la jeune et belle Amir âgée de vingt ans est mariée à Karluk, un enfant de douze ans d’un clan voisin mais le clan d’Amir décide de récupérer la jeune femme afin de la marier à un parti plus avantageux. Pourparlers, menaces, rapt, tout est bon pour satisfaire l’oncle d’Amir mais la famille de Karluk veille.
Les scènes dans la steppe sont les plus réussies notamment lorsqu’Amir, chasseresse aguerrie et Karluk chevauchent ensemble. La partie de chasse au renard est exceptionnellement bien rendue tant à travers un découpage astucieux fait d’une succession rapide de focalisations et de plans panoramiques qu’avec un dessin beau, fin et précis. Plus tard, sous la yourte, quand Amir se dévêt afin de réchauffer son jaune mari transis, la jeune femme est resplendissante de beauté et de sensualité. Karluk apparaît alors pour ce qu’il est encore, un enfant en quête d’une mère. Pourtant, l’amour est en train de naître entre eux.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]