[On a marche sur la bulle. N° 28, Ted Benoit ; Jean Solé | Yannick Bonnant]
On a marché sur la bulle (OAMB), fanzine noir & blanc au petit format A5 (21 cm x 15 cm), sous sa double couverture en quadrichromie, arrive tête-bêche pour biner les esprits, ensemencer le printemps 2012 et donner des élans au lecteur en lui rapportant les entretiens réalisés auprès de Ted Benoit et de Jean Solé en tête de gondole.
L’enthousiasme de Solé, dessinateur pop et rock, est communicatif. Il sait rendre compte de la découverte essentielle des Beatles lors d’un concert mythique à l’Olympia en février 1964 et l’ouverture à une culture alternative qui s’ensuivit, culture underground, émancipatrice. Il a 14 ans et a obtenu un billet gratuit par son frère, pompier de Paris, de service au music hall ce soir-là : « J’ai pris une claque monumentale, c’était des extraterrestres, je n’avais jamais vu ça. Ils étaient charismatiques, bourrés d’énergie, drôles. » A travers la vie de Solé défilent les années Pilote (le contact pris avec Goscinny est superbement rendu), Rock & Folk, L’Echo des Savanes, Métal Hurlant. On a envie d’aller voir l’exposition parisienne, « En écoutant des images » qui lui est consacrée courant mai 2012 à la médiathèque Marguerite-Duras. Un période faste, délirante, créative semble révolue et s’estompe des esprits avec le vieillissement et la disparition inévitables de ses acteurs. Le bel et simple hommage rendu ensuite à Moebius, disparu en mars 2012, en est un banal et sidéral exemple. Jean Giraud a « transmuté ». L’interview suivante concerne la dessinatrice Valp dont les influences en bédé sont intéressantes : « Gaspard de la nuit » de Johan de Moor et Stephen desberg, « Les Pixies » de Robert Rivard et Pierre Dubois, « Les Gardiens du Mäser » de Frezzato, « Bones » de Jeff Smith mais aussi Tom et Janry pour « la dynamique du scénario et du dessin », Frank Frazetta, Brian Froud, Claire Wendling, etc. mais aussi « Fringe » de J. J. Abrahms, Tim Burton, David Lynch, « Star Trek », « Docteur Who » de Russell T. Davis et Stephen Moffat et encore « Time Machine » [« La machine à explorer le temps »] de Klaus Badelt, « Titan A.E. », « Waterworld », « Stargate ». La sincérité du propos montre des facettes intéressantes d’une œuvre en train de se construire à travers l’apprentissage et le peaufinage de diverses techniques ainsi que la combinaison libre et cohérente d’autres œuvres empruntées à des artistes graphiste, cinéastes ou musiciens en tant qu’influences notables. Le lecteur est toujours preneur de cette mise au net sans esquive des sources d’inspiration d’un auteur.
Ted Benoit se livre sans fard et sans lard, à l’os. Il dit son peu de goût pour l’usage de l’outil informatique et du dessin à l’aide de la palette graphique : « Il n’y a pas de contact physique et je n’y prends pas vraiment de plaisir. » Ted Benoit parle de son blog « Les Pensées de Ray Banana » né de son désir de rompre avec la ligne claire et les décors travaillés et de retrouver la spontanéité du dessin de presse où l’idée colle au dessin. Enfin, un auteur brestois, Gwendal Lemercier, raconte son parcours dans le domaine de la fantasy, de ses sources d’inspiration, les préraphaélites, les illustrations d’Arthur Rackham, l’œuvre de Waterhouse et de Burnes-Jones ainsi que l’étude de l’encyclopédie médiévale de Viollet-le-Duc. Jeune homme des confins, ici le Finistère breton, l’artiste se sent en prise avec les éléments naturels, sources d’inspiration et de confrontation. Le fanzine est agrémenté de trois ex-libris au format du magazine signés par Lemercier, Valp et Ted Benoit.
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