La ronde commence dans la rue par une banale agression au couteau, gratuite, violente, spontanée. Raymond est pris à partie par quatre jeunes désireux de passer leurs nerfs sur le premier venu. Il se prend une lame dans le ventre. Plus tard, il décide de s’armer d’un cran d’arrêt. Ray est un laissé pour compte de la société anglaise des années 1990. Son job mal payé consiste à charrier sur son dos des quartiers de viande. Il a « de l’acné, un tempérament nerveux et une forte odeur corporelle ». Il n’a pas beaucoup de chance non plus car il découvre une fillette dans un hangar, décomposée dans des sacs en plastique et il en fait part à la police. Mal lui en prend car le corps identifié est celui de la petite Gloria, kidnappée deux mois auparavant, avec qui Raymond avait sympathisé. Soupçonné sans preuve, questionné sans finesse par Divine, un flic lourdingue et brutal, Raymond se débat sous un faisceau d’indices qui semblent se concentrer sur lui et l’accabler. Charles Resnik, l’inspecteur de police de Nottingham, mène l’enquête mais semble au début davantage se débattre avec ses sandwiches qu’avec la recherche de la vérité. Hélas, un deuxième rapt d’enfant se produit. Emily Morrison, blondinette de cinq ans, disparaît à son tour. Les parents sont effondrés, les policiers pataugent et la presse à sensation s’empare de l’événement. L’environnement de la fillette est passé au peigne fin. Il s’agit d’identifier toutes les personnes susceptibles d’avoir croisé Emily. Un mystérieux joggeur a percuté une femme à l’heure de la disparition. Celle-ci arrive à faire dresser un portrait-robot par la police. Charlie Resnik, à l’aide des recoupements presque fortuits opérés par ses collègues, se concentre sur Stephen Shepperd, menuisier bénévole, mari d’une institutrice remplaçante ayant côtoyé Emily et Gloria. Tout est possible mais rien n’est aussi sûr et simple que cela. John Harvey prend le temps de cerner chaque personne afin de lui donner vie et de le rendre crédible. Bien que les courts paragraphes fassent passer très rapidement le lecteur d’un personnage à l’autre, le fil n’est jamais perdu. Pourtant, la lecture n’est jamais totalement enthousiasmante comme si la grisaille ambiante liée au climat britannique finissait par déteindre et diluer l’allant de l’histoire et l’élan du lecteur.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]