Qu’est-ce qui fait qu’un roman nous happe d’emblée, et nous donne, dès ses premières pages, l’envie d’aller plus loin ?
Son histoire ? Mouaiiiss…
Sa thématique ? Booofff….
Non, je crois personnellement que lorsque l’on est un amoureux de la littérature, l’intérêt que l’on éprouve pour un roman tient essentiellement à son écriture.
Une histoire n’est rendue captivante, des personnages ne sont rendus attachants que si l’auteur sait les rendre vivants, complexes. Par ailleurs, un roman peut être passionnant quand bien même il n'y serait question que de banalités, s’il est écrit avec talent. C’est la magie de l’écriture…
Ceci dit nous n'apprécions sans doute pas tous le même genre d'écriture. Il peut y avoir des incompatibilités, aussi, des styles qui ne prennent pas avec certains lecteurs, et les laissent froids, quand ils en enthousiasment d’autres.
C'est ce qui s'est passé entre « Féroces », le premier roman de l’américain Robert Goolrick, et moi.
J’en attendais pourtant beaucoup, ce roman ayant quasiment fait l’unanimité sur la blogosphère, mais il m'a laissée plutôt dubitative...
Ce récit se présente comme une suite d’anecdotes que nous raconte le narrateur, qui évoque son enfance dans les années 50, brossant ainsi, par bribes, le portrait d'une famille au premier abord ordinaire dont nous découvrons peu à peu les failles et les secrets.
Nous apprenons par exemple que ses parents buvaient plus que de raison et qu'ils ont toujours considérés comme primordial de sauvegarder des apparences d'aisance financière, en dépit de revenus relativement modestes, et de périodes parfois difficiles. Seulement, il était absolument hors de question d'avoir l'air d'être dans le besoin, et de faire ne serait-ce qu'une once de concession à leur train de vie rythmé par d' innombrables cocktails. Et surtout, une règle prévalait par-dessus toutes les autres : en aucun cas les enfants du ménage -au nombre de trois- ne devait évoquer à l'extérieur leurs conditions d'existence.
Mais certaines allusions du narrateur laissent entrevoir des secrets plus graves encore. Il mentionne le sentiment de haine réciproque qui a toujours caractérisé ses relations avec ses parents, évoque les tentatives de suicide qu'il s'est infligées une fois adulte...
J’avais beau progresser dans ma lecture, impossible d’accrocher… Au fur et à mesure que j’avançais, j'avais le sentiment d'avoir oublié ce que j’avais lu trente pages auparavant !
J’en ai conclu que l’écriture de Robert Goolrick n’est pas de celles qui me captivent. A vrai dire, je l’ai trouvé fade, sans originalité durant la majeure partie du roman.
Et c’est vraiment dommage, parce que, arrivée presque à la fin, je me suis mise à vraiment apprécier ce que je lisais. J’ai eu l’impression que l’auteur se libérait d’une sorte de frein qu’il s’était imposé jusque-là. Sa plume devient alors troublante, émouvante... sans doute est-ce volontaire de sa part : ce changement intervient une fois qu'il nous a dévoilé ce fameux secret si dévastateur (qu'un lecteur averti et réceptif à certains indices aura subodoré depuis un certain temps). Mais pourquoi ne pas avoir mis cette force, cette émotion, au service de l'ensemble de son texte, qu'il m'est même arrivée de trouver parfois ennuyeux ?
Ainsi que vous l'aurez compris, je garde à l'issue de cette lecture un sentiment mitigé, toute au regret des trésors que Robert Goolrick m'a faits entrevoir dans les dernières pages de son roman.
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