[Un Monde formidable Tome 2 | Inio Asano, Thibaud Desbief (Traducteur)]
Le commun dénominateur des récits est l'insécurité face aux passages cruciaux et aux difficultés de l'existence.
Asano parle des années du premier impact avec la conscience de devoir grandir et changer (l'adolescence et le lycée) où ce qui assaillent les personnages est l’amertume (1, Château de sable), la stupeur face à un changement comparable à ce qui transforme un têtard en grenouille (2, Après la pluie, le beau temps), la peur qui devient violence (1, Étoile blanche, étoile noire); ou de l'instant où, à la sortie de l'école, une entrée à l'université retarderait encore un peu l'âge adulte. Les personnages sont appelés à prendre des décisions importantes : souvent il s'agit de ce qu’on va faire de sa vie, en abandonnant, si nécessaire, des rêves juvéniles manifestement irréalisables et devenant des charges socialement insoutenables (1, Sirop) ou regagner un rôle dans une société cruelle dans laquelle ils se considèrent victimes, en accomplissant des gestes extrêmes (1, Un quartier tout en pente) ou grandir en se sacrifiant soi-même, ainsi que ses affections pour s'adapter du mieux possible à ce que la société des adultes demande (2, Bird Week).
Le mal obscur est traité de manière plus banal, transformé en une maladie donnée par un bénévole dieu de la mort (Shinigami, figures faisant partie pleinement de l'imaginaire collectif japonais) en mesure d'arrêter les personnes dans un instant heureux, mais sans futur, comme la plus grande expression du mal de vivre.
L'auteur recourt parfois à l'onirique et à la veine surréelle qui lui est liée et qui parcourt certaines parties de la bande dessinée (mais pas seulement) japonaise. Ainsi la tortue qui fuit de sa carapace pour se sauver de l'incendie (Comme un dératé), le vendeur de ballonnets déguisé en ours et l'amusant trio de killer (1, Monsieur l’ours de la forêt), les dieux de la mort qui se sont matérialisés dans un corbeau (Un quartier tout en pente) et dans un chien noir, l'expérience post-mortem (2, Ciel bleu).
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