[Les Aventures de Tintin. 7, L'Île Noire : fac-similé noir et blanc de l'édition de 1938 | Hergé]
La 7e aventure de Tintin, L’Ïle Noire, paraît en noir & blanc en 1938. Elle connaîtra deux nouvelles versions en couleur, l’une en 1943 (ma préférée), l’autre en 1965, à la demande de l’éditeur anglais jugeant la Grande-Bretagne injustement décrite. Hergé s’exécutera avec fair play, s’adjoignant l’aide de son studio et plus précisément celle de Bob de Moor, indispensable et talentueux dessinateur parti en repérage sur les lieux mêmes du crime mais l’Île Noire reste introuvable in situ. Localisée au large de l’Ecosse dans l’album, elle est soit disant inspirée du phare de l’île Noire de la baie de Morlaix dans le Finistère, ou de l’île d’Or dans le Var, peut-être du Vieux-château de l’île d’Yeu ou encore du château écossais de Lochranza. Il y a de quoi s’égarer en route mais tous les chemins ramènent à Tintin.
Le reporter journaliste opère en duo avec l’inséparable et inénarrable Milou, gaffeur et redresseur de torts. Le petit caniche amateur de whisky sauvera son maître à moult reprises. Ni Haddock, ni Tournesol ne sont de la partie car ils n'ont pas encore été imaginés par Hergé. En revanche, les détectives Dupond et Dupont amènent leur grain de folie réciproque et ils sont franchement drôles malgré eux lors d’un meeting aérien improvisé.
L’histoire est connue. Tintin se promène et propose spontanément son aide à deux aviateurs près de leur appareil en panne. Pour toute réponse, Tintin prend une balle et s’écroule. A l’hôpital, Tintin reçoit la visite des Dupondt et apprend que l’avion s’est écrasé en Angleterre, dans le Sussex. Titillé, Tintin remonte la piste de ses agresseurs et atterrit devant la propriété du docteur Müller. Capturé, Tintin s’échappe et poursuit Müller jusqu’en Ecosse. L’ïle Noire proprement dite n’est découverte que dans le dernier tiers de l’album. C’est là que l’homme à la houpette va rencontrer la bête, gorille dressé par les malfrats, sosie de King Kong en plus petit, belliqueux et dangereux au départ mais à l’arrivée tendre et sentimental. Ranko est un bon gorille qui sera confié à un zoo à la fin de l'aventure, par Tintin.
Le trait charbonneux d’Hergé est bien rendu sur le papier épais et légèrement granuleux de l’édition en fac-similé de 127 pages. Il faudrait la mettre en parallèle avec le dessin affiné et mis en couleur de 1943 afin de sentir l’envolée du talent de l’auteur. La 7e aventure de Tintin est sans temps mort, rebondissante et distrayante. Elle préfigure aussi le point de vue politique d’Hergé face à la montée du nazisme, le trafic de fausse monnaie dont la tête du réseau est le sinistre docteur Müller, une des figures récurrentes du mal, avec Rastapopoulos, dans l’œuvre du maître.
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