[La France nous a lâchés ! - Le sentiment d'injustice chez les jeunes des cités | Eric Marlière, Laurent Mucchielli (Préfacier)]

Contrairement à ce que dit le sous-titre, tous les jeunes des cités ne sont pas représentés dans le livre.On n'y trouve aucun témoignage de fille et les seuls interrogés sont de jeunes hommes- jusqu'à 45 ans, tout de même- issus de l'immigration maghrébine et musulmans.

Une vision "sardonique" du monde!

-ils nourissent hostilité et méfiance envers toutes les institutions: la police, bien sûr, mais aussi les travailleurs sociaux et l'école.
- ils sont adeptes d'une "théorie du complot". "...les hommes politiques et les Etats-Unis ne sont que des instruments corrompus au service de la franc-maçonnerie qui, elle-même se trouve sous le joug du " sionisme ", le tout contrôlé par quelques familles mythiques dont les objectifs officieux sont de régner impitoyablement sur le monde". Mais eux, contrairement aux "Français" ou aux "beaufs", ont compris la manoeuvre et ne s'y laissent pas prendre.
- " Les difficultés de vie...conduisent ces jeunes à concevoir la société à partir de plusieurs points centraux ( la métaphore du "système" vicié et corrompu, l'islam envisagé comme héritage familial et pratique séculaire importée du Maghreb faisant office de "justice" dans une société profondément inéquitable); à prendre des risques - parfois inconsidérés -dans des activités illégales ou faire preuve de pragmatisme total pour accéder à la société de consommation ou bien tout simplement s'en sortir; à entreprendre pour quelques uns des études parfois longues et coûteuses dont les résultats sont aléatoires, sapant peu à peu l'idée de l'existence d'une "méritocratie républicaine".

Ce qui m'a frappée, c'est que leur discours est le même quils aient 19 ou 40 ans, qu'ils soient petits trafiquants, travailleurs sociaux, agrégé de mathématiques, sans emploi, commerçants, ou étudiants en DESS..
L'auteur de la préface prévient que "d'aucuns pourront s'effrayer ou se scandaliser des extraits d'interviews qu'ils découvriront".
Effrayée, oui, je le suis, et profondément consternée .Je ne suis pas sûre q'un tel livre se suffise à lui-même.Ne faudrait-il pas mettre leurs propos en face à face avec ce qu'ont à dire les autres acteurs des cités?

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[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

Les pauvres petits qui sont victimes des méchants français Ils sont parqués dans des cités, sont victimes d'injustices, et bla et bla et bla....

Je vais très certainement lire ce livre à l'occasion, et je sens que je vais bien me marrer

Quand je suis arrivée dans une banlieue sensible il y a 25 ans, venant de la campagne, les médias plaignaient à longueur de temps ces pauvres jeunes des banlieues qui n'avaient rien. Or je voyais des équipements sportifs et culturels, une municipalité qui faisait de son mieux avec ce qu'elle avait.
Dans mon village, les gamins jouaient au ballon dans un pré avec l'aimable autorisation du propriétaire; il leur fallait faire 5 km à vélo pour aller à la piscine et ils ne se sentaient pas victimes. Mais si les journalistes s'étaient intéressés à eux,, peut-être auraient-ils réussi à les persuader qu'ils en étaient!

Bonjour daffodil,
il me semble que par le procédé identique à celui qui a produit la vulgate populiste et idéologique qui perçoit les "jeunes de banlieue" comme des violents casse tout, vivant de trafics et d'assistanat, prêts à basculer dans les réseaux islamistes, à faire voiler et exciser leurs soeurs, et plus tard à faire venir du bled des brus soumises qui accepteront leur polygamie, (et je survole les préjugés plus primaires sur leur odeur et autres détails hygiéniques), par ce même procédé, dis-je, une vulgate populiste et idéologique symétrique s'est produite. Le livre que tu présentes, sans doute, n'avait d'autre but que de révéler celle-ci, d'où l'absence des propos des autres acteurs.
Que cette vulgate si absurde soit autant répandue, hélas, ne peut que nous consterner, d'autant que la logique historique nous mène à vivre ensemble dans un tout-monde dont il semblerait judicieux (et pas seulement conforme à nos propres valeurs républicaines "à nous" !) d'établir ensemble les règles de cohabitation... Mais l'autre ne l'est-elle pas autant ?

(zut, j'ai oublié de délogger Romantico ! Swann speaking:)
Il n'en est pas moins vrai que, faute d'un poids électoral et économique de leur côté, leurs existences ne pèsent pas lourd et ne sont envisagées qu'en coût policier, et matonier (je caricature, après tout, j'ai l'impression que le sujet le veut). Je ne parle pas des investissements éducatifs : il y a longtemps qu'on a réduit le coût des ZEP et qu'on laisse tout le monde s'y débrouiller.
On sait également que nos musulmans français (qui ne sont pas tous dans les banlieues) sont parmi les moins antisémites et intolérants du monde, ce qui réhabilite largement notre république laïque controversée.

Je déplore avec toi que les voix des autres habitants et acteurs des banlieues n'aient pas été entendues. Mais j'ai déjà dit tout le mal que je pensais des journalistes dont l'impératif "informer" s'est peu à peu transformé en "entériner l'idée reçue", offrir aux "usagers-clients" (car c'est cela que nous sommes) le reflet d'eux-mêmes ("pris en otage", etc.) ou des autres (le danger ou l'idole) qu'ils ont envie de voir.