En général, je ne supporte pas les études sur l'apocalypse. Ben voilà. J'avais déjà lu un livre de lui sur le sujet, mais c'était un compte-rendu de conférence donnée à l'AREFFPI, ça s'appelait tout simplement "conférence sur l'apocalypse de Jean". J'avais bien aimé.

Mais ici j'ai affaire au meilleur livre que j'aie jamais lu sur l'apocalypse. On est loin des prédictions hasardeuses et des superstitions chrétiennes. Voici une étude claire et précise des trésors que renferment ce texte, et Jacques Ellul, comme d'habitude, nous emmène dans une aventure théologique, en mettant en lien la société de l'époque à laquelle l'œuvre a été écrite, les croyances que portaient l'écrivain, les liens avec notre société actuelle, et la vision globale des évangiles. Des aller-retour dans le temps, une recontextualisation, et des orientations qui nous permettent de réfléchir à notre place dans ce monde.
Bref... du très bon.
Des réserves toutefois sur une ou deux interprétations, mais cela est de l'ordre du normal : on ne peut être d'accord sur tout!

----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur Wikipedia]

La première fois que je l'ai lu, L'Apocalypse, Architecture en Mouvement m'a plu, comme je l'ai indiqué dans ma note d'alors. Mais je me rappelle très bien qu'il ne m'avait pas atteint en profondeur. Il m'avait plu et réconcilié avec les écrits sur ce sujet difficile qu'est l'apocalypse, mais il ne m'a pas parlé au coeur. Il faut dire que je l'avais lu alors pour lire du Jacques Ellul. C'est pas dérangeant en soi, mais ce n'est pas la même chose que lorsqu'on aborde un livre avec le désir de le lire pour le sujet qu'il traite.

Ce coup-ci, j'avais envie de le relire. Un désir qui vient de loin, et ma lecture a agi comme une révélation. N'ayons pas peur des mots.
Déjà, ça m'a donné l'impression que ma lecture n'était qu'un survol. J'y ai découvert une profondeur et une justesse théologique incroyables. Je redis ce que j'ai dit la première fois : Ellul échappe aux banalités d'usage et tranche avec ce qu'on dit en général de l'apocalypse, révélant ainsi ce que le livre renferme réellement. Ellul prend l'auteur évangélique au sérieux et démontre à quel point l'apocalypse est une oeuvre littéraire exceptionnelle, bien construite, mais aussi une oeuvre théologique solide (et le génie d'Ellul est révélé, lui aussi : il nous montre comment ce qu'on dit de l'apocalypse correspond à une lecture superficielle, mais ne prend pas du tout en compte sa logique interne, telle que l'auteur l'a écrite).

Surtout, Ellul démontre que l'apocalypse n'est pas écrite pour annoncer des catastrophes, mais pour révéler qui est le Dieu de Jésus-Christ et quel est son message aux hommes, mais de manière symbolique et poétique. Il nous en révèle la grandeur en annonçant ce qu'est réellement le message d'amour du Dieu d'amour.
Bref, bien loin de tous les épouvantails de l'enfer tels qu'ont pu nous présenter les prédicateurs de tous poils.

Pour ceux et celles qui souhaitent découvrir ne serait-ce que la beauté littéraire d'un écrit auquel on fait (faussement) référence surtout dans les périodes historiques troublées, et pour ceux et celles qui veulent s'enraciner dans une authentique espérance, loin des illusions et loin des superstitions, ce livre est un guide excellent, dans lequel j'ai pu me ressourcer ces derniers jours.

Histoire d'aller plus loin, je vais enchainer sur la retranscription de la conférence d'Ellul sur l'apocalypse de Saint Jean, puis sur Sans feu ni lieu, une théologie de la ville. C'est ma petite histoire à moi du désir de (re)lire...