[La Fête impériale : Mémoires d'un libertin | Arnauld Pontier]
La Fête impériale : Mémoires d’un libertin
Arnaud Pontier
Un roman qui, comme le titre indique, est en forme de mémoires. D’abord je tiens à dire à quel point ça m’a plu de lire une langue aussi belle. Pourquoi, pourquoi, pourquoi, en français moderne, on n’utilise plus le passé simple ou le plus que parfait du subjonctif ? Est-ce qu’on ne se rend pas compte des dimensions, ne serait-ce qu’au niveau sonore, que ces formes peuvent ajouter à la langue ? J’avais l’impression en lisant cette langue—qui est une vraie langue étrangère pour moi—qu’elle serait toute autre, et d’autant plus belle si elle n’était pas tronquée dans nos conversations quotidiennes. Mais je dévie.
« La Fête impériale » est très justement intitulé, puisque pour Arthur la vie, c’est la fête. Après une enfance difficile, avec un père tyrannique, le jeune homme de province se trouve au lycée à Paris, où il est bientôt introduit dans la bonne société de la capitale. Je ne l’ai pas trouvé très aimable, cet Arthur, qui d’abord laisse tomber ses études pour vivre du faux salaire qui lui est versé par le mari de son amante. A la longue, et ayant besoin de gagner sa vie pour de vrai, il se lance dans des affaires plutôt discutables avant de quitter Paris plus tard dans la vie pour prendre en main la propriété de son père. En fait, la fête d’Arthur prend fin en même temps que celle du deuxième empire de Napoléon III.
Dans cette histoire Pontier fait vivre un homme, une ville, un milieu, et un empire qui sont d’une époque révolue. Tout est train de changer dans la France du deuxième empire, tout comme à Paris où Hausseman est en train d’abattre des milliers d’immeubles pour faire de la place aux grands boulevards. La société industrielle moderne est en train de s’affirmer, alors que la France est encore gouvernée par un soi-disant « empereur ». Les années passant, l'empire est de plus en plus difficile à prendre au sérieux. Et dans sa petite fête à lui, Arthur ne se plie pas du tout aux règles de la bonne société qui le fait vivre. Mais quand on regarde bien, on voit que cette bonne société qui fait vivre Arthur ne se plie pas, elle non plus, à ses propres règles. Je suis tenté de dire que heureusement l’armée prussienne a chassé tout ça. Oui, toutes les fêtes ont une fin.
Bref, j’ai bien aimé. Un petit bémol tout de même. Le mystère d’Elisabeth n’était pas vraiment un mystère pour moi. Mais c’est un détail.
Livre que je compte relâcher au MBC de Lyon le 20 mai '06.
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