"En grec, zeugma signifie le " pont " et le " lien ". Le zeugma est une figure littéraire où s'exprime un lien insolite, incongru, riche de sens, entre des mots, des locutions, des phrases... Une figure littéraire qui donne à rêver, à sourire et à voyager... Zeugma, c'est aussi le nom d'une ville engloutie sous les eaux, qui exista un jour sur le bord de l'Euphrate. Ville imposante, pour laquelle se battent aujourd'hui l'histoire et l'archéologie afin d'en perpétuer la trace et la mémoire. Marc-Alain Ouaknin revisite ici cette figure littéraire et cette ville pour emmener le lecteur dans une réflexion sur l'éthique du futur, le " principe responsabilité ", la montée contemporaine des eaux et les menaces sur la biodiversité, dont l'ours polaire en voie de disparition est l'un des exemples les plus évocateurs. Revenant sur l'épisode du Déluge, ce livre pense la question de l'écologie comme rapport à l'" intime ", car le déluge contemporain est aussi celui des images et des paroles, qui ne permettent plus vraiment de se retrouver " chez soi " et qui submergent l'homme de rumeurs et d'informations à l'infini, noyant l'accès au livre, à la lecture et à l'interprétation, rendant difficile l'imagination créatrice qui ouvre à ce que la philosophie nommait " transcendance ". Ces pages ne sont pas une réponse mais un chemin, une croisière à bord d'une arche où il n'y a pas que des girafes et des hippopotames, mais aussi des écrivains, des philosophes, des anges, et des textes qui offrent une réconciliation avec la vie et la joie de penser."
A mon avis, le meilleur livre de Ouaknin que j'ai lu jusqu'à présent. L'auteur part d'une figue littéraire - le zeugma pour ceux qui n'auraient pas compris - et faire des circonférences majestueuses autour du concept, en passant par Kafka, la Bible et plein d'autres références qui s'illuminent dans le langage du philosophe, tout en donnant un sens jamais épuisé et toujours ouvert à l'interprétation.
Du très bon Ouaknin.
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