Ce livre est tout ce que ma médiathèque locale offre sur le sujet du naturisme, dans son acception contemporaine se référant aux nudistes. Ce n'est peut-être pas ce que j'aurais choisi si j'étais bibliothécaire, mais bon... : la collection "Idées reçues" a un petit air de "Que sais-je" en plus vulgarisateur, chaque chapitre étant intitulé d'après un cliché habituellement stupide qu'il s'empresse de corriger voire d'infirmer aussitôt. Cette jolie démarche possède néanmoins deux inconvénients : de ne pas éviter les répétitions (car un plan rigoureux est pratiquement impossible dans ces conditions), et de frôler parfois un certain didactisme presque prosélyte - je n'en demandais pas autant... - qui est pourtant inévitable lorsqu'on a l'ambition méritoire de s'insurger contre la stupidité ambiante en quelques pages tout aussi simples et accessibles qu'elle.
Les titres et quelques mots au passage :

"Le naturisme a existé avant les naturistes" - Contextualisation des courants "naturistes" dans le cadre de la critique naissante de la modernité (au XIXe s.), surtout dans le milieu médical et chez les anarchistes utopistes : on peut parler là d'hygiénisme.

"Les naturistes ont été soutenus par les nazis et les communistes" - Sur la transversalité des mouvements par rapport à tous les clivages politiques, mais aussi sur l'ambiguïté des deux régimes autoritaires en question face au corps et à son exhibition.

"Les naturistes vivent en communauté" - Sur la variété de concevoir et de pratiquer le naturisme dans le temps. Cf. Sénèque : "Naturam si sequemur ducem nunquam errabimus" (p. 32, mais le texte était faux...)

"Les naturistes se prennent pour des Papous" - Non, les références ne sont pas au "bon sauvage", mais à l'opposé au faîte du "progrès" (quelle que soit la conception que chaque époque se fait de celui-là);

"Les naturistes n'ont pas de pudeur" - Au contraire, ils sont très pudiques notamment sur les questions physiologiques ainsi que de la sexualité. Il faut s'interroger sur la nature des regards sur la nudité (cf. le fameux espace échangiste du Cap-d'Agde où soudain le regard change et devient "érotique, aguicheur, interrogateur, interrogatif... sexuel" (p. 60)

"Les naturistes vivent dans des camps fermés" - Sur les stratagèmes juridiques conçus dans les camps, eux-mêmes très variés et ayant beaucoup évolué au fil des années.

"Les naturistes sont exhibitionnistes et échangistes" -

"Les naturistes vivent à poil tout le temps et partout" - La nudité comme confort, tant que et lorsque ça l'est...

"Les naturistes ont été les premiers écologistes" - encore sur l'évolution historique.

"Les naturistes sont sportifs, végétariens et 'bio'" -

"Quant on n'est pas beau, on n'est pas naturiste" - Sur l'évolution des canons esthétiques des corps, de l'influence desquels les naturistes ne sont pas immuns, à un degré cependant moindre que les "textiles" par rapport au codage de la mode vestimentaire et même inférieur à celui que l'on peut repérer sur les plages, comme l'avait déjà démontré Jean-Claude Kaufmann dans son enquête sur les seins nus :Corps de femmes, regards d'hommes [que j'ai annotée sur l'Agora en son temps].

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