Eric Valli est connu surtout comme le réalisateur de " Himalaya, l enfance d un chef" , et pourtant tout au long de sa vie de voyageur et d aventurier il accumulera ( et il continue d accumuler) une masse de notes et d impressions diverses dont il a extrait ce qui fait la matière du " Ciel sera mon toit" .
Tout d abord le style est à la hauteur du propos ! les descriptions des paysages du Dolpo ou du Népal sont superbes , les méditations qu engendrent ces visions sont aussi magnifiquement rendues ; Valli est plus qu un baroudeur reporter-photographe, c est un écrivain. Et puis comment ne pas etre sidéré par l incroyable pugnacité, courage,volonté, appelez cela comme vous voudrez..., dont il fait preuve en toutes circonstances : pour filmer les derniers chasseurs de miel du Népal il s encorde avec eux et subit jusqu a l évanouissement les attaques de milliers d abeilles ; à suivre les caravanes de yaks qui descendent du Tibet au Népal chargées de sel il subit les rigueurs de l hiver himalayen et les dangers inhérents à ce genre de voyage ; en Thailande il surmonte une peur panique du vide pour photographier au plus prés des ceuilleurs, la récolte des nids d hirondelles...
Mais mème si la majeure partie des 343 pages est d une haute tenue, il faudrait lire ce livre ne serait ce que pour les quelques pages que Eric Valli consacre a un peuple oublié et en voie de disparition : Les Rajis. Ce sont les derniers nomades du Térai, vaste plaine alluviale au pied de l Himalaya, contigue à la frontière indienne ; Valli s est immergé dans leur société durant plusieurs mois et les a suivi dans leur nomadisme à la recherche du miel, vivant comme eux ,errant dans la jungle défforestée à la recherche de ruches géantes , ou attrapant les poissons dans les rivières... Récit poignant car les Rajis sont condannés, le gouvernement népalais veut les sédentariser, et la consanguinité et l alcool font des ravages ; espérance de vie:50 ans. Les Rajis , tels les derniers peuples nomades, ce sont nos dernieres images d un paradis perdu, pas celui des chrétiens, mais celui de l age d or des grecs, un paradis ou une fois satisfait les besoins essentiels l homme se reposait, méditait, aimait... et n avait pas l idée obsessionelle d accumuler toujours et de plus en plus ....
Enfin, petite curiosité pour ceux et celles qui ont aimé Le léopard des neiges de Peter Matthiessen: Eric Valli lors d une visite dans un monastère boudhiste, croit reconnaitre dans la vision d une chaussure de lama un présent de Matthiessen et Schaller datant de leur passage dans les années 70.
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