Présentation de l'éditeur
Catherine, dont la vie s'organisait autour du travail avec la haine des dimanches, le secours de la télévision, l'affection d'un chat et l'usage fréquent de somnifères, tourne le dos à la France pour s'installer au Brésil. Dépassant sa condition de touriste, elle quitte l'univers des agences de voyages pour celui des favelas. La violence avec laquelle les gens se traitent entre eux ne lui est alors plus épargnée. Dans ce récit d'un parcours absolu, Jean-Christophe Rufin livre une tragédie moderne, où l'héroïne semble soudain obéir à une loi profonde qui la pousse à se détruire et à s'accomplir en même temps. À travers ce portrait d'une femme qui se perd et se découvre, l'auteur reprend aussi un thème qui lui est cher, celui de la rencontre entre les Occidentaux et leur tiers-monde fantasmé. Loin de la vitrine exotique et du mythe révolutionnaire, il va au-delà de la vision idéalisée, tout au moins " idéologisée ", du tiers-monde, vers un monde ambivalent, fait à la fois de richesse et de violence, repoussant et attirant.
Biographie de l'auteur
Jean-Christophe Rufin, né en 1952, médecin, voyageur, est président de l'association humanitaire " Action contre la faim ". Il a publié en 1997 L'Abyssin, prix Goncourt du Premier roman et prix Méditerranée, Sauver Ispahan en 1998, Asmara et les causes perdues, prix Interallié 1999, Rouge Brésil pour lequel il a reçu le prix Goncourt 2001, Globalia en 2004, et La Salamandre en 2005.
Mon commentaire : petite combustion tranquille des ailes du désir
Que fait elle Catherine, notre petite secrétaire française en vacances sur la côte touristique brésilienne ? Comment réagit cette célibataire quadragénaire grise face à la jeunesse vigoureuse d’un autochtone entreprenant ? Cette femme rougit par les morsures du soleil se brûle soudain aux feux de l’amour. Elle est salamandre triste si sombre qu’il n’y a que les flammes qui lui soient si douces.
L’écriture de Rufin, permet de parcourir cette fable moderne (aux accents surfaits), avec allégresse et rapidité. Pourtant la présentation de ses personnages relève de la vieille école du romancier scrupuleux, nous infligeant la description méticuleuse de carapaces humaines avant de s’introduire en elles pour expliquer tel ou tel comportement (page 57 à propos de Catherine jeune épousée … elle préféra donc penser que ce divorce était un malheur et en fit retomber le reproche sur ses parents, espérant se libérer par là d’une autre dépendance).
J’ai l’impression de connaître par moments, quelques lourdeurs administratives obligatoirement introduites au fil des pages pour donner un sens cohérent à certaines actions. Ce qui ne l’empêche pas d’introduire, par petites touches, elles par contre, délicates presque inaperçues, ses idées sur les rapports déséquilibrés entre les peuples (page 91 : Catherine l’européenne, offre l’argent nécessaire à une tenancière de cabane « paillote » afin qu’elle puisse devenir propriétaire de son outil de travail : Ce qu’elle venait de faire n’était plus à ses yeux une action généreuse mais un acte de violence. Chaque fois que l’injustice du monde s’illustre dans le rapport concret d’un être humain à un autre, elle devient insupportable. La charité est le moment privilégié de cette révélation.)
Ce qui me gêne dans ce roman, c’est le côté versatile de l’histoire, genre drame conté par un journal à sensations. C’est un drame humain. Soit. Rufin avec Rouge Brésil et Globalia, nous avait séduit d’une toute autre manière.
Sur la Salamandre, quelques flammèches incolores ne pourraient survivre longtemps tant le foyer manque de combustible.(bertrand-môgendre)
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