Récits parallèles ayant tous le même fondement : des personnages vivent une vie de limitations, pas complètement assumées, ni bien vécues et ils vont faire la connaissance d'une certaine Sayuri Komachi qui leur trouvera un livre en rapport avec leur préoccupation, parfois un livre complètement en dehors de leurs préoccupations et une petite création en peluche (du "feutrage à l'aiguille"... Cette synergie va les aider à rejoindre, par des chemins souvent inattendus et différents, leurs rêves ou une meilleure version, encore, de leurs rêves...
Au bout d'un chapitre, j'ai compris que j'avais affaire à un feel-good book, mais sans l'irritation qui accompagne habituellement cette prise de conscience. Une fois n'est pas coutume, je m'étais laissée tenter par la mise en avant d'un livre sur le site Babelio (je précise que je l'ai acheté, ce n'est pas une proposition d'éditeur), j'avais envie d'un livre sur les livres (pas si fréquent non plus) et le régressif du rose chamallow et des "rêves secrets" a fait le reste. J'ai eu peur du côté répétitif, mais l'autrice prend garde à établir des variantes d'approche, de perception de Komachi, de Nozomi, si bien qu'on a hâte de voir "l'incarnation" suivante. Au risque de le regretter, comme souvent quand je reviens à mes notes de lecture et que je n'y trouve pas assez de détails, je ne vais pas énumérer tous les types de problèmes qu'une lecture et un peu d'attention (on ne dira jamais assez de bien d'un·e bon·ne conseillèr·e d'orientation) peuvent résoudre, mais la première est la suivante : Tomoka, 21 ans, vendeuse en prêt-à-porter féminin. Chaque chapitre présente de cette manière le nouveau personnage (jusqu'au chapitre 5 : Masao, 65 ans, retraité, au cas où l'on se serait imaginé que tout tourne autour du monde du travail, alors que le thème plus vaste est celui de l'accomplissement, de l'occupation, de la découverte) mais, et l'indice que les chapitres sont poreux et qu'on retrouve les personnages passés en arrière-plan des suivants était bien là, on aboutit ensuite à un roman choral bienvenu et qui réconforte, comme promis implicitement par le sous-genre. J'ai découvert avec étonnement à la fin que les livres conseillés par la bibliothécaire existaient réellement.
Citations :
* - Tout le monde pensait que je ne serais jamais écrivain. Au lycée, tu étais le seul à trouver mon roman intéressant, à m'encourager pour que je continue à écrire. Tu les as peut-être oubliés, mais ces mots ont été mon moteur, mon talisman le plus puissant.
Il pleurait à chaudes larmes et moi aussi. Il avait mémorisé mes propos insignifiants...
* Cet emploi était à mille lieues de tous mes emplois passés. Je n'étais pas un raté, je m'étais juste trompé d'endroit où me rendre utile. Ici, je l'étais, ne serait-ce qu'un peu. J'en ai retiré une énorme sérénité. J'avais l'autorisation d'être là.
* A partir d'un certain âge, du jour au lendemain, les femmes n'excusent plus ce qu'elles toléraient jusque-là.
* Le go est un jeu profond. Il ne s'agit pas seulement de récupérer les positions de l'adversaire, il fait réfléchir aussi sur la vie et la mort. Chaque partie est une aventure à elle seule.
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