Jus de poussin.
Longtemps tenu par mézigue pour un livre jubilatoire de haute tenue, la relecture des « Chroniques de la haine ordinaire » trente-cinq ans après, permet de resituer les textes de Pierre Desproges à une plus juste mesure. En effet, dépouillées des artifices du show radiophonique et soustraites aux feux de l’actualité, les chroniques de l’écriveur pudique peuvent prendre tout leur relief littéraire. On ressent immédiatement le plaisir d’écrire dans le choix des mots et l’agencement des phrases. Le verbe est charnel, gouteux, chantourné. Les idées ne sont pas en reste et la formulation choc fait mouche, hameçonnant à coup sûr le lecteur. Avec les ans, le sourire de l’humour a supplanté l’esclaffement du comique. L’auteur n’hésite pas à se lancer sans filet dans des sauts sémantiques incongrus et vertigineux, funambule au-dessus des abîmes où clapotent le tout-venant et le lieu commun. Capable de fulgurances irrésistibles, Pierre Desproges est inoubliable.
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