Hormis quelques noms de rues, de cafés, de plats et de boissons, Paris n'est guère reconnaissable. En vérité, le jeune et désargenté Ernest Hemingway eût pu relater, dans ce journal de début d'activité d'écriture, son séjour partout ailleurs, n'importe où – à l'instar du chapitre final qui a pour cadre une localité autrichienne de sports d'hiver. Si faible est son intérêt pour l'environnement qui l'entoure, pour la langue et la culture locale, pour les Français... Par contre, le récit est constitué en très grande partie de commérages sur les compatriotes confrères : Scott Fitzgerald, Gertrude Stein, Ezra Pound, Evan Shipman...
Peut-être, quarante ans plus tard, lorsque ces mémoires parurent, que la renommée de l'auteur n'était plus à faire, que certaines de ces personnalités avaient déjà disparu, qu'il y avait eu une guerre de ce côté-là aussi de l'Atlantique, le caractère cancanier était-il désormais occulté par la nostalgie de s'être retrouvés à plusieurs dans cette capitale française des années folles ; peut-être simplement la célébrité de ce petit livre est-elle surfaite. Je n'y ai trouvé, pour ma part, que la naissance de la fameuse prose extrêmement sobre, « désadjcetivée » de Hemingway.


Cit. :

« But Paris was a very old city and we were young and nothing was simple there, not even poverty, nor sudden money, nor the moonlight, nor right and wrong, nor the breathing of someone who lay beside you in the moonlight. » (p. 45)

« They say the seeds of what we will do are in all of us, but it always seemed to me that in those who make jokes in life the seeds are covered with better soil and with higher grade of manure. » (p. 73)

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