La tache est un roman déroutant. En tout cas, il le fut pour moi. Ce n'était pourtant pas la première fois que je lisais du Philip Roth. Dans les années 80 et au tout début des années 90, j'avais lu trois de ses romans. Je n'en ai pas gardé un souvenir très précis mais au moment d'aborder la lecture de La tache, je pensais me plonger dans un roman plaisant, peut-être assaisonné d'une forte de dose de psychanalyse et teinté d'un humour marxien (tendance Groucho).
J'étais très loin du compte : La tache est un roman sombre, voire torturé, souvent difficile à lire, reflétant souvent plusieurs points de vue sur une situation, faisant de nombreux aller-retour entre le passé et le présent, changeant de narrateur sans crier gare, parfois au milieu d'un paragraphe, mêlant références littéraires et références historiques, Eschyle et Monica Lewinsky, la guerre de Troie et celle du Vietnam. Il s'agit pourtant d'un roman très ancré dans le réel, qui nous décrit des situations très concrètes de la vie d'américains moyens ou même d'un française célibataire exilée dans une modeste université de la Côte Est des Etats-Unis.
Même s'il est parfois compliqué de suivre Philip Roth dans toutes ses digressions, il y a bel et bien un fil conducteur dans tout cela et il me semble que cela vaut vraiment la peine d'aller au bout de ce roman complexe pour découvrir comment les pièces de ce puzzle peuvent, du moins pour certaines d'entre elles, s'emboîter. Philip Roth, par la richesse des thèmes qu'il aborde, par la modernité de son style pourtant imprégnée de culture classique, par la rudesse de son langage et ses bouffées de nostalgie, nous montre ici que le présent n'est vivable que si l'on parvient à comprendre ce qui le relie au passé.
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