14 octobre 1066 : en une journée meurtrière et incertaine, la bataille d’Hastings est remportée par la coalition normande menée par le 7e duc de Normandie. Guillaume a 31 ans lorsqu’il est couronné roi d’Angleterre. Le Bâtard est devenu le Conquérant et un sérieux rival pour le roi de France. L’ouvrage enlevé de l’enseignant d’histoire Pierre Bouet se lit rapidement car son format le permet et avec plaisir, l’intérêt demeurant constant au fil des 185 pages. Le lecteur ne peut que trembler face à l’hécatombe de la journée de l’an de grâce 1066, 5 000 à 6 000 morts dans un champ de 1,5 kilomètre de long sur 500 mètres de large : « La fleur de la noblesse et de la jeunesse anglaises, souillée de sang, recouvrait la terre sur une vaste étendue ». Au XIe siècle, les Anglo-Saxons coupaient leurs liens avec la Scandinavie et s’ouvraient sur l’Europe occidentale avec leur assujettissement à la noblesse normande. L’ouvrage n’est pas seulement captivant, il est instructif. L’historien revient aux rares sources existantes et les faits parler intelligemment. Il montre que l’expédition de Guillaume a été planifiée et que la logistique a été déterminante. Le Conquérant n’attend plus que son heure après des mois de préparation. Harald, le chef viking prétendant de même à la couronne d’Angleterre, doit débarquer au nord, à Stamford Bridge et détourner les troupes aguerries d’Harold, successeur désigné et légitimé par Edouard et ses sages. Des hommes exceptionnels se trouvent en conflit : Harald, Guillaume, Harold. Les qualités de stratège et de meneur d’hommes chez chacun d’eux sont évidentes. Face à l’inefficacité de sa tactique initiale et à l’amoncellement des morts, Guillaume va modifier sa stratégie. La colline de Senlac où se tient le pack anglo-saxon semble imprenable : « Le salut ne vient que d'une poussée sur toute la ligne soutenue par le tir des archers et la fougue des cavaliers ». Les chefs prennent des risques en s’exposant sur le champ de bataille. Guillaume est donné pour mort. Seul son cheval a été abattu. Il devra lever sa visière pour se faire reconnaître de ses hommes et empêcher la débandade des troupes. Harold, grand chef de guerre aussi, sera tué par une flèche dans l’œil, projetée à tir tendu.
L’ouvrage est riche, prenant, bien écrit. Il est illustré de reproductions de la tapisserie de Bayeux, de cartes, enrichi de notes en fin de volume, d’une bibliographie allégée, de généalogies et d’index.
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