« Harraga » signifie « brûleur de route ». C’est ainsi que l’on surnomme, en Algérie, les milliers de candidats à l’émigration, qui préfèrent « mourir ailleurs que vivre ici ». Quand, dans sa grande maison d’Alger, Lamia, une pédiatre célibataire, cultivée et arrogante –autant dire une paria- recueille Cherifa, la lolita extravagante qui frappe un soir à sa porte, c’est un choc . De toute se famille, il ne reste à Lamia qu’un frère, un harraga dont elle était sans nouvelles. Or Cherifa se recommande de ce frère dont elle est enceinte de 5 mois. Jusqu’ici, Lamia s’était réfugiée dans ses rêves, la folie douce et le deuil. Le silence était son refuge. Pour oublier la chape de plomb d’une société policière et misogyne où l’on abandonne les petites filles dans les décharges publiques, elle berçait ses souvenirs heureux et les fantômes dont la vieille maison est remplie. En débarquant dans sa vie, Cherifa la tornade, « un scandale ambulant qui aurait échappé au courroux d’Allah», l’oblige à revenir sur terre, à se battre, à s’interroger. Et à revivre. Quand Lamia finit par craquer pour cette gosse perdue et tente de l’éduquer comme sa fille, l’adolescente disparaît. Veut-elle brûler la route ?
Lamia se désespère, la recherche.
Ces péripéties sont prétexte à une description cinglante mais non dépourvue d’humour de la société algérienne et exprimée par une femme .
Ce roman est un réquisitoire contre un pays où le soleil d’Allah ne brille que pour les hommes.
Boualem Sansal fait partager son amour pour la beauté de son pays et sa tristesse de le voir s’enliser dans la corruption, la violence, l’intégrisme.
Faut-il rester dans ce pays, sans illusions, sans avenir ou partir, tourner le dos, s’exiler, se faire « harraga » ?

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