A peine sorti de l'adolescence, Sépha Stéphanos a fui l’Éthiopie après l'assassinat de son père, soupçonné d'activités subversives.
Cela fait maintenant dix-sept ans qu'il vit à Washington. Propriétaire d'une petite épicerie dans un quartier modeste, il vivote, recevant la visite régulière de ses amis Joseph et Kenneth, eux aussi immigrés africains.
Les trois compères discutent de longues heures durant, et s'amusent, l'un d'entre eux lançant le nom d'un pays de leur continent d'origine, à retrouver le nom de son(ses) dictateur(s) et les dates de ses coups d'état.
Sépha se définit lui-même comme un homme sans ambition. Sa seule aspiration est de mener un vie discrète et tranquille.
Lui qui, lors de son arrivée aux États-Unis, entretenait de longues et imaginaires conversations avec ses parents, croyait reconnaître dans les visages noirs qu'il croisait un oncle ou un cousin, évite depuis longtemps les lieux fréquentés par sa communauté d'origine, ne vit pas selon les coutumes de son pays natal, et n'appelle que rarement sa mère et son frère restés en Éthiopie.
Le ton sur lequel il déroule le récit est empreint d'une douce mélancolie, à l'image de ce narrateur humble et paisible, voire nonchalant. Les changements qui vont bouleverser sa solitude, liés à l'embourgeoisement du quartier, et plus précisément à l'arrivée de nouvelles voisines, Judith et sa fille Naomi, sont eux-mêmes décrit avec une sorte de détachement passif.
Je n'ai pas eu l'impression qu'il s'agissait d'indifférence de sa part, mais plutôt d'une forme d'ignorance quant à la manière de s'y prendre pour... vivre, tout simplement. Sépha, finalement, est resté comme coincé entre deux mondes, n'appartenant plus à l'un, et peinant à réellement s'intégrer dans l'autre. Il est, définitivement, quelqu'un de différent. Non pas tant en raison de sa couleur de peau que par son refus d'être assimilé à quelque communauté, ou à quelque groupe d'individu que ce soit.
Il voudrait vivre en homme, simplement, mais vit dans un monde qui ne le lui permet pas.
Un joli titre, un synopsis alléchant, une manière de traiter le déracinement ainsi que la difficulté à communiquer avec tact et intelligence... et une lecture en demi teinte, agréable, mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. L'écriture de Dinaw Mengestu est d'une fluidité plaisante, et ses héros sont d'une bienveillance touchante, mais la neutralité avec laquelle s'exprime le narrateur confère au texte un caractère monocorde, comme "décoloré".
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