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[Buddy Longway. Intégrale 3, La folie des hommes | Derib]
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Franz



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Posté: Mer 28 Mai 2014 10:13
MessageSujet du message: [Buddy Longway. Intégrale 3, La folie des hommes | Derib]
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Les pages liminaires du volume III de l’intégrale Buddy Longway mettent en avant les valeurs spirituelles de l’œuvre ne serait-ce parce que les Indiens sont représentés comme des êtres humains en symbiose avec la Terre-mère ou quand les personnages principaux, Buddy Longway et sa femme Chinook croient en l’amour.
Premières chasses (1980)
Kathleen, la toute jeune fille métisse de Buddy et de Chinook aimerait tant que son père dresse le poulain « Tout Noir » afin qu’elle puisse enfin le chevaucher. L’insistance de l’enfant énerve le père converti malgré lui en agriculteur qui se fâche. Mortifiée, Kathleen décide de s’enfuir au petit matin avec son poulain qu’elle maîtrise à peine. Une vilaine chute de cheval cloue l’enfant au sol et la laisse fiévreuse après que ses parents la recueillent sous la pluie battante. Au chevet de son lit, Buddy en est quitte pour raconter des histoires de chasse à sa fille convalescente. Il sera question d’une ourse sorcière, d’un puma à la patte atrophiée, d’un autre ours et d’une amitié à partager avec Loup-Noir, un chasseur indien expérimenté.
Ce 9e tome de la série accorde très adroitement trois courts récits parus à des années d’intervalle (1972, 1979, 1980) avec un décalage graphique flagrant qui ne nuit pourtant en rien à la cohérence de l’ensemble (voir le côté « Yakari » ou « Go West » de l’épisode datant de 1972). On peut noter qu’il s’agit de la dernière aventure bon enfant, bien dans le ton de l’« hebdoptimiste » Tintin avant que le propos ne se durcisse par la suite même si déjà Hermann, en 1975 renâclait et ruait dans les brancards de Greg, scénariste entre autre de Comanche et de Bernard Prince. [Note 4/5]
Le démon blanc (1981)
A l’aube, Buddy découvre Fellow, son ancien cheval de route, mort de vieillesse. Le trappeur aussi a vieilli. Son fils Jérémie est devenu un homme sans qu’il ne s’en aperçoive vraiment. Sa femme Chinook l’envoie au fort dans le but de le changer de ses idées maussades mais la rencontre avec le lieutenant Ryan, raciste et belliqueux ne lui facilite pas la tâche. Entretemps, Jérémie découvre par hasard l’initiation d’un jeune Indien. Il décide de suivre les mêmes rites et commence à jeûner. Les privations entraînent des hallucinations et des visions. Un cheval chimérique semble se dessiner dans les nuages. Pour le fils de Buddy, il ne fait aucun doute qu’il devra affronter un cheval indompté mais il n’est pas le seul à s’intéresser à un troupeau d’appaloosas sauvages mené par un ombrageux mâle dominant bien proche de la vision de Jérémie.
L’épisode du Démon blanc constitue un tournant dans l’œuvre de Derib, un rite de passage dans l’âpreté du monde. Le ton se durcit. Jérémie est confronté à sa double culture. Il découvre aussi l’injustice et le génocide du peuple indien. Buddy commence à accuser les ans et il est en butte au racisme du lieutenant Ryan. La tournure tragique des événements avec le massacre des Indiens pacifiques rend compte d’une réalité sordide et historique. Les ocres dominent l’épisode et lui confèrent une teinte chaleureuse démentie par la hargne de Ryan mais justifiée par l’amitié des hommes du fort ou encore l’amour et la concorde de la famille Longway. Même si le graphisme hiératique fige parfois les hommes et les animaux, la science du découpage et du cadrage ajoute du dynamisme à l’œuvre charpentée en train de se bâtir. L’auteur privilégie le dessin et le laisse parler bien plus que les textes réduits mais parfaitement lisibles. De pleines pages muettes mais éloquentes restituent toute la maestria de Derib.
[Note 5/5]
La vengeance (1982)
La mise sous tension est immédiatement palpable dans le nouvel album de Derib. Katia, la petite-fille de César, a épousé Michaël. Elle vient de s’enfuir du fort avec Janet, son bébé de deux mois, à la recherche de son mari disparu. Michaël Cooper s’était fait chercheur d’or afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Le vieux César vient demander l’aide de Buddy afin de retrouver ses proches évanouis dans la nature. Le cauchemar de Chinook était donc prémonitoire. Buddy va quitter sa famille pendant longtemps. Le trappeur et César remontent les pistes et découvrent rapidement Katia avec Janet, réfugiés dans la baraque de Slim le borgne. Quitté par César, rejoint par Jérémie, Buddy continue de chercher Michaël. Avec son fils, ils se dirigent sur la nouvelle bourgade de Bear Town que les prospecteurs miniers enrichissent. Fort heureusement, au Nugget’s Hotel, Buddy et Jérémie croisent une ancienne connaissance, Curly, propriétaire de l’établissement et prompt à les aider. Buddy va avoir à jouer une partie serrée avec la famille Mac Kenzie dont le père sermonneur cache un esprit retors et assassin.
L’épisode renoue les fils du passé. Slim et Curly, personnages secondaires mais attachants reviennent sur le devant de la scène. Leurs actes courageux sont décisifs et salutaires. L’enquête menée par Buddy est dénouée par le flair d’un cheval, Darky que Michaël avait dressé puis offert à Buddy en remplacement de Fellow. La séparation du couple Longway est amorcée et va se poursuivre dans l’aventure suivante.
[Note 5/5]
Capitaine Ryan (1983).
En route vers le fort, Buddy croise le capitaine Ryan, monté en grade et sur ses grands chevaux. Sa haine des Indiens a provoqué la fuite de Chinook et de Kathleen du fort. Révulsé par les propos fielleux de Ryan, Buddy le frappe au visage et déclenche la vindicte du capitaine. Poursuivi par les soldats, Buddy Longway doit se cacher. Sa mise au ban de la société est encore aggravée par son expropriation. Sa maison est maintenant occupée par une nouvelle famille de fermiers. Une attaque indienne meurtrière finit de réduire en cendre sa ferme. Accueilli par une tribu crow, Buddy suit les traces de sa femme et de sa fille qui ont précédemment séjourné dans le campement. Au petit matin, les soldats menés par le capitaine Ryan chargent le village dans le but de massacrer tous les habitants mais Buddy, sur le départ, surprend l’attaque scélérate et donne l’alerte.
[Note 5/5]
Troisième intégrale (sur cinq) d’une œuvre solide, conçue en deux temps (1972-1987 et 2002-2006). La reprise en intégrale d’albums parus séparément n’est pas redondante. Bien au contraire, elle a été pensée par son auteur pour structurer la saga de Buddy Longway. Chaque intégrale possède un titre propre significatif et la trentaine de pages supplémentaires dotées d’une belle iconographie éclairent et enrichissent l’ensemble. On peut juste regretter que les belles couvertures originelles ne soient reproduites en trop petit format mais ce n’est que vétille et chipotage. Dans l’œuvre de Derib, les personnages vieillissent et s’étoffent, gagnant en densité contre la froidure de l’existence. Rien ne sera épargné aux pionniers de l’Ouest alors que les lois ne protègent pas encore les hommes et que la nature américaine est omniprésente et non domestiquée. Derib a le rare privilège d’avoir bâti son grand œuvre dessiné à travers cette fresque humaniste à la charnière de deux mondes, entre la civilisation en marche et la nature en recul au diapason d’une frontière flottante ressentie au cœur des enfants métissés de Buddy et de Chinook. Les hommes y donnent libre cours à leurs instincts mais ils savent aimer ou détester avec fougue, n’ayant pas encore établi de « contrat social » qui pourrait reléguer leur liberté au profit de la sécurité et de la paix. Il n’y a donc rien de frelaté dans les histoires superbement contées par l’artiste helvète. Même si le graphisme semble un peu rigide, tout amidonné par les larges aplats noirs et des cernes épaisses, l’expression des visages, la représentation de la nature, animaux et paysages en symbiose (Derib excelle à dessiner les chevaux qu’il connaît de l’intérieur) relativisent largement un graphisme manquant de souplesse et de délié. Derib est étonnant et imposant dans ses cadrages éclatés, inventifs, expressifs, en phase avec l’histoire et les sentiments véhiculés. Enfin, la mise en couleur est royale, baignant dans les ocres, les jaunes et les rouges que les bleus des glaces et des ciels rehaussent en touches discrètes.

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