Hudson River ( Middle age: A romance)
traduit de l'anglais (E.U.) par Claude Seban
Stock
Cette nuit là, dans la maison d'Old Mill Way, les Hoffmann dormaient. Dans leur mariage-terrier, les Hoffmann dormaient. Dans le grand lit à colonnes de la vieille maison XVIIIème des Macomb, ou peut être des Wade, une demeure historique de la région, les Hoffmann, épuisés,dormaient....
Dans leur coûteux mariage-terrier dont l'oxygène s'était échappé, laissant l'air humide et malodorant comme des draps douteux. Quoique les draps du lit à colonnes fussent d'un lin luxueux et fort peu douteux. Et les énormes oreillers étaient rembourrés de plume d'oie, coûteux et opulents. Et la chambre à coucher, la chambre de "maître" comme disent les agents immobiliers, était magnifiquement meublée de meubles de l'époque révolutionnaire; et les murs tapissés d'un réseau de fleurs de lis gris perle et de vrilles serpentines, qui reproduisait à l'identique la tapisserie de la chambre à coucher du général Cleveland Wade et de sa femme. Dans ce cadre, les Hoffmann dormaient. Assommés par le chagrin,ils dormaient. Chacun de leur côté du grand lit. Ils étaient épuisés, exténués; comme des nageurs qui n'ont réussi que de justesse à regagner le rivage en échapant à une mer traîtresse; des nageurs qui ont survécu à un naufrage commun, et redoutent de voir ce qui est arrivé,et ce qui est presque arrivé ,dans les yeux de l'autre.
Non! Je ne veux pas regarder. Ne m'oblige pas à regarder. Je ne te connais pas. .....
Les Hoffmann, ce couple qui dort, ne sont que deux des personnages de ce roman touffu , 665 pages dans un style à la fois haché par moments, mais aussi très descriptif , et d'une grande finesse psychologique.
Un petit village dans la périphérie de New York, des habitants pour la plupart fortunés, le vernis habituel des conventions sociales, et puis un personnage ,un sculpteur, Adam, que tous aiment ,enfin que toutes les femmes aiment.
Adam meurt en sauvant une petite fille de la noyade , et sa mort va faire tout exploser.
Raconté comme cela, on dirait le scénario de Desperate house wives...
C'est un peu ça mais c'est mille fois plus fouillé dans les personnages. Et surtout, il y a un grain de folie ( toujours présent chez Joyce Carol Oates, j'en ai bien l'impression) qui me plait beaucoup.
Et puis, toujours, le thème de la rédemption, Adam paie pour un drame de sa jeunesse, et sa mort délivre certains de leurs sujétions...
Ce n'est pas un roman inoubliable, j'ai moins aimé que Les Chutes, mais je trouve quand même qu'elle a beaucoup de talent!
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]