[Exile on main street | Une saison en enfer avec les Rolling Stone]
"Pourquoi Keith est-il si cool? Pour dire les choses comme elles sont, ce type n'en a rien à foutre. Tout ce qui est si important pour la plupart des individus sans visage ni couleur qui contrôlent le monde en dehors du rock ne le concernent en rien"
"A cette époque là, être jeune, c'était avant tout être en pleine confusion. A propos de tout."
En avril 1971, les Stones sont obligés de s'exiler fiscalement en France car la Couronne britannique leur réclame un arriéré d'impôts équivalent à 98% de leurs gains des 5 dernières années.
N'ayant pas d'autre alternative que de sortir un album et d'organiser une tournée aux USA pour renflouer les caisses et continuer à vivre sur un grand pied, les 5 bad boys se réfugient en France à l'issue d'une transaction financière avec la République (un genre de dessous de table pour avoir le droit de résider en France mais de ne pas y payer d'impôts sur les éventuels gains pendant la période).
La résidence de Keith Richard, la villa Nellcote est restée célèbre comme le lieu où fut enregistré l'album Exile on Main Street. La villa, où Richard, sa famille, ses amis, les musiciens ayant collaboré à l'album, les habituels pique assiette et quelques dealers corses a également été choisie comme lieu d'enregistrement faute de mieux dans le coin.
Ce livre écrit en 2005 à partir des témoignages des personnes ayant résidé à Nellcote pendant cet été révèle l'envers du décor : les dissensions entre Keith et Mike, les enregistrements qui commençaient toujours en retard, étaient interrompus par les siestes de Keith, la drogue omniprésente, la difficulté pour Mike Taylor de faire sa place dans le groupe, les difficultés techniques pour transformer une vieille cave en studio d'enregistrement et la vie si particulière du plus grand groupe de rock du monde en exil dans un immense palais.
Si beaucoup a été écrit sur cet album et sa genèse, le livre de Greenfield en offre une lecture plutôt sombre et glauque et surtout minimise l'importance de cette période dans la construction de l'album puisque, sur les 18 chansons de la version finale, un bon tiers avait été enregistré avant. C'est tout de même hallucinant d'avoir réussi à sortir un si bon album dans d'aussi mauvaises conditions, peu de groupes de rock en sont capables...
En érudit du rock doublé d'un excellent conteur, Greenfield livre donc un excellent bouquin ni trop érudit, ni trop long sur la genèse d'un album des Stones à une époque charnière du rock (les Stones sont au top, la drogue commence à faire des ravages, les idéalistes des années 60 doivent choisir entre vieillir ou mourir) et ce livre est autant l'histoire d'un album que l'histoire d'une génération qui doit passer à l'âge adulte avec la gueule de bois (se marier, avoir des enfants, payer des impôts)...
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