Jbara, jeune bergère dans un coin paumé du Maghreb, nous raconte sa vie. Née et élevée dans une pauvreté et une ignorance crasse, avec un père brutal, elle commence par nous raconter son quotidien, et par nous expliquer comment elle n'a pas conscience à ce moment de la difficulté de ses conditions de vie. Un rêve la tient : visiter la grande ville, même si elle n'a aucune idée de ce à quoi elle peut ressembler. Ce rêve va la pousser à tout faire pour y arriver, y compris à commettre de fréquents pêchés.
Ceci est l'occasion de son monologue qui s'adresse à Allah. Elle a du mal à réconcilier l'idée d'un dieu qui s'intéresse à elle avec ses conditions de vie, et a du mal à vénérer ce dieu à la manière obscurantiste de son père. Tout au long du livre elle va donc nous raconter à la fois son parcours et les interrogations métaphysiques qu'il soulève.
Le style est percutant et le début particulièrement marquant. Jbara y raconte sans pudeur et sans états d'âmes sa condition et les choix qu'elle fait. Ils peuvent nous sembler extrêmes mais elle ne se gêne pas pour les justifier en nous renvoyant en pleine figure que notre condition de privilégiés, à nous lecteurs, nous empêche de pouvoir pleinement appréhender sa condition et son état d'esprit. Malgré des situations extrêmement dures, le livre ne tombe jamais dans le pathétique car Jbara est une jeune fille extrêmement volontaire déterminée à s'en sortir.
Plus tard dans le livre elle va être amenée à se demander ce que veut dire "s'en sortir" et jusqu'où elle doit aller pour ça. J'ai trouvé que le livre s'essoufflait un peu passé la première partie, comme souvent dans ce genre de livres quand la nouveauté est passée. Ceci ne nuit cependant pas au livre car il est court et on n'a pas du tout le temps de s'ennuyer.
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