Léna est dénichée dans sa nouvelle vie en Australie par les services secrets français qui veulent la recruter afin qu’elle s’immisce dans un groupe islamiste fomentant un attentat kamikaze à Paris. Rétive à une telle requête, elle finit par accepter lorsqu’elle connaît un peu mieux le dossier. Elle se fera recruter par les dirigeants du groupuscule terroriste en tant que formatrice. Constamment surveillée, elle devra manœuvrer finement si elle veut échapper au gâchis et au désastre, des situations que Léna a déjà éprouvées dans sa chair auparavant.
Il est difficile d’aborder un tel sujet sans sombrer dans le poncif, le préjugé et le parti pris. Pierre Christin est un scénariste habile et chevronné. Il met au petit point une histoire linéaire et méandreuse comme la mélancolie qui taraude l’admirable Léna. Les trois femmes musulmanes qu’elle doit former à la vie parisienne afin qu’elles puissent s’y fondre pour mieux la désintégrer de l’intérieur, portent sur elles la beauté et la jeunesse. La manipulation cauteleuse et la mort en récompense n’en sont que plus hideuses. Le dessin d’André Juillard est sans cesse captivant. Sa ligne épurée, son délié remarquable ne sont pas signes de raideur et de froideur. L’ensemble est précisément dessiné mais étonnamment vivant. Serti dans peu de dialogues, le personnage de Léna transparaît dans son entière solitude, chevillé par le doute, taraudé par la mélancolie mais incarné dans une humanité touchante.
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