[L'écoute - Résonances des rencontres | Collectif, Eric Galam (dir.)]
Eric Galam, chargé de la direction de l'ouvrage, a la double casquette de médecin généraliste et de psychothérapeute, comme il l'indique dans le long chapitre final qu'il se réserve, sur des cas parmi ses patients et respectives modalités de son écoute.
Dans l'ordre les aspects traités et formes d'écoutes spécifiques abordées sont :
1. Variétés ("infinie palette") des facettes et des intensités d'écoutes, selon les situations et les individus ; en particulier les "différents niveaux d'écoute" en interaction et va-et-vient permanent que sont "l'écoute-identité, l'écoute-relation, l'écoute-compréhension".
2. Approfondissement de cette théorisation par les apports des travaux du célèbre psychothérapeute américain Carl Rogers, en particulier eu égard aux concepts de l' "approche centrée sur la personne", la "congruence" (l'écoute de soi-même), les mécanismes de l' "écoute active" dans un but d'aide de l'autre à s'exprimer.
3. L'écoute et la technique, notamment les modifications de l'écoute par l'avènement du téléphone.
4. L'écoute du conte (et son élaboration par une conteuse professionnelle)
5. Les écoutes musicales à l'époque de la tripartition : concert - radio- collection de musique enregistrée (CD etc.)
6. L'écoute dans la pensée biblique (entretien avec le rabbin Gilles Bernheim)
7. L'écoute en milieu judiciaire (et le rôle de traduction de l'avocat)
8. L'écoute psychanalytique
9. Poèmes
10. L'écoute (et la manipulation) des "professionnels de la communication" (notamment en entreprise et en politique)
11. Ecoutes médicales (v. supra).
Cit. (tirée du ch. 8, comme par hasard...) et répondant exactement à mes propres questionnements du moment :
"Nous cherchons cet humain dans l'autre. Bien sûr, c'est par la parole et par l'écoute que nous le cherchons. Mais une idéologie de l'écoute pernicieuse peut s'installer lorsqu'elle est abusive : ne pas se parler est dramatique mais, à l'inverse, nous pouvons noyer l'autre sous un flot de paroles qui servent à supporter notre angoisse ou à nous justifier, mais qui ne sont pas des paroles vraies, rares, celles qui permettent à l'autre de constituer en lui un lien et de se sentir unifié. Il peut y avoir des paroles intrusives, assourdissantes. L'écoute suppose de la discrétion." (p. 145)
J'ai pris en main cet ouvrage parce que (comme certains l'auront remarqué) j'aime bien cette collection ; parce que j'y trouve souvent un maximum d'ouverture sur les sujets éponymes ; parce que je vais devoir me pencher studieusement sur l'écoute et sur Rogers. Il me semble cependant que cette fois je n'ai pas trouvé assez de théorisation (hormis les 2 premiers ch., qui eux, sans doute par souci d'équité dans le plan, ont été trop denses et pas assez développés), et surtout que le choix de présenter des écoutes spécifiques n'a peut-être pas été le plus heureux du point de vue de l'ouverture maximum - pour moi un peu de philosophie et plus de littérature et surtout beaucoup plus de psychanalyse et de théorie psycothérapeutique (je ne parle pas que de l'écoute thérapeutique, évidemment, mais de l'interprétation que ces disciplines donnent de l'écoute en général) auraient été les bienvenus.
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