[Que reste-t-il de la culture française ? - Suivi de Le souci de la grandeur | Donald Morrison, Antoine Compagnon, Michel Bessières (Traducteur)]
En décembre 2007 a paru dans l’édition européenne de l’hebdomadaire américain Time Magazine un article signé par le journaliste Donald Morrison sur la « mort de la culture française ». A l’époque, cet article avait soulevé une indignation sans précédent. De nombreuses tribunes étaient parues sur les quotidiens nationaux tels que Le Monde. Les hommes de lettres, les politiques s’étaient offusqués à grand prix de mot du constat selon lequel la culture française se portait mal. Cependant, Morrison exprimait d’abord un paradoxe : la culture française se porte plutôt bien au sein de ses propres frontières mais ne possède plus ni l’éclat ni la grandeur d’antan, ce qui l’empêche de s’exporter à l’international. L’ensemble des arts sont mis en avant (arts plastiques, mode, littérature, cinéma, de haute ou de basse culture, un large éventail de forme d’expression artistique y est analysé.
Le constat à lequel j’adhère sans condition concerne la qualité de l’expression des arts français , thématiques qui tendent vers le nombrilisme, le narcissisme épuisant des œuvres et des artistes français, et plus particulièrement dans la littérature et le cinéma (Amélie Nothomb, par exemple…). Seconde chose d’importance, la faiblesse du système éducatif français (à l’école comme à l’université) qui n’incite pas suffisamment les jeunes générations à l’expression et à l’admiration des œuvres de culture. En effet, quel avenir pour les personnes ayant suivi les filières littéraires et artistiques dans le paysage professionnel d’aujourd’hui ?
Je n’adhère pas particulièrement en revanche sur la thèse selon laquelle l’Etat, les aides et subventions accordées seraient responsable des handicaps qui empêche les pratiques culturelles et la création d’aujourd’hui. Il est indéniable que quelquefois les crédits sont mal utilisés. C’est un cas d’école dans un modèle subventionné. Les abus existent, existeront toujours. Ce n’est pas en privatisant et en stoppant l’influence de l’Etat ou des collectivités territoriales sur le monde de l’art que la France et son art parviendra à rayonner davantage.
Morrison comme Compagnon font d’ailleurs le constat lucide de la relativisation de la puissance culturelle française ; le recul du français, le classement des universités, la dispersion de l’action française à l’étranger sont autant de réalités mesurables. Reste que déterminer les causes et les solutions de l’affaiblissement de la culture française dans le monde restent un travail qui mérite une réflexion plus poussée, plus construite et surtout, je l’espérerais moins marquée du sceau du libéralisme.
Il est un peu compliqué se juger un livre tel que celui-ci, même si l’envie me prends de m’accorder sur certaines thèses et en rejeter d’autres. C’est une lecture à mon sens utile, qui permet de se poser les bonnes questions, mais qui ne suffit pas à faire avancer le débat.
La culture française n’est pas morte, elle n’est pas mourante. Elle a simplement perdu de son rayonnement. Celui que l’on connaît comme étant la culture française des 18-19ème et 20ème siècle vaste, large, universel est terminé. Il ne reste qu’à réinventer une nouvelle influence. Loin des caricatures et des idoles élevées dans des siècles précédents.
Et rappeler que la culture est avant tout une question de goût et de sensibilité, ne l’oublions pas...
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