Longtemps, la France et sa culture n'ont fait qu'un, la grandeur de l'une servait le rayonnement de l'autre. Au centre de l'attention, les artistes français jouissaient d'un prestige sans égal. De cette gloire passée ne restent aujourd'hui que nombrilisme, nostalgie et frilosité. C'est le constat désabusé auquel est arrivé Donald Morrison, Américain de Paris, au terme d'une minutieuse enquête sur la place de la culture française dans le monde. La créativité de ses artistes a beau être indéniable, l'influence - spectrale - et le poids - dérisoire - de la France dans les échanges culturels sont là pour montrer que notre culture ne parle plus au monde. Une déchéance qui, finalement, convient bien à la mentalité nationale, prompte à la déploration et à l'apitoiement. En réponse à Donald Morrison, Antoine Compagnon souligne ainsi une certaine ambivalence de la culture française, encore capable du meilleur mais comme paralysée par le souci de sa propre grandeur. Sans doute la France gagnerait-elle à relativiser la place qu'elle s'imagine être la sienne sur la scène culturelle mondiale. Mais encore faudrait-il qu'elle cesse de vouloir régler leur compte aux Etats-Unis et à leur insolence culturelle. Si le débat sur la vitalité de la culture française n'est pas près d'être clos, au moins cet échange salutaire entre Donald Morrison et Antoine Compagnon peut-il nous aider à mieux comprendre le regard que le monde porte sur la France et, donc, à mieux nous connaître.
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Que reste-t-il de la culture française ? - Suivi de Le souci de la grandeur