[L'accordéoniste | Marie-Luise Scherer, Anne Weber (Traducteur)]
L'idée était bonne. Au lendemain de la chute de l'URSS, un directeur de choeurs caucasien se procure un accordéon et en fait son moyen de subsistance dans le métro de Berlin. Un séjour. Puis un second. Puis un troisième, sous une autre identité. Toujours hébergé au petit bonheur la chance. Puis il retourne chez lui chargé de colis, par un interminable voyage en train.
La prose, dont l'étrangeté peut paraître drôle au début, demeure très riche en détails anecdotiques qui livrent des aperçus sans doute révélateurs d'une profonde connaissance à la fois de la Russie et du Berlin de ce moment crucial de leur histoire récente. Là réside son principal mérite. Car pour le reste, la surabondance de personnages secondaires, de digressions dans le récit, d'histoires se déroulant en parallèle sans aucun rapport construit avec la narration principale - la plus notable étant la description un peu burlesque d'une noce entre un couple de Juifs russes nouveaux riches complètement sans rapport avec le héros, s'étendant entre la p. 64 et la p. 83 ! - rendent la structure narrative totalement décousue. Le protagoniste en ressent aussi par un manque d'épaisseur et souvent même de caractérisation - le changement d'identité, par ex., n'est que mentionné.
Par contre la nature très visuelle des descriptions, sans doute emblématiques au demeurant, me fait penser qu'il s'agit là d'une des rares fictions qui réussiraient mieux au cinéma que dans un livre, un peu comme La Ruche de Camilo José Cela - encore qu'il s'agît pour le roman du prix Nobel espagnol d'un niveau bien supérieur... - et la profession journalistique de l'auteure, ainsi que ses précédentes publications : recueils de récits et enquêtes, me semblent bien expliquer ses difficultés dans le genre romanesque, en tout cas les limites de ce roman-ci.
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