[Il fait chaud à Wichita : une aventure de Teddy Ted | Roger Lécureux, Gérald Forton]
Supplément au journal Vaillant n° 1022 du 13/12/64, Il fait chaud à Wichita est paru initialement en récit complet. Aujourd’hui réédité par les éditions bruxelloises Hibou en demi-format à l’italienne, le lecteur peut découvrir ou retrouver un héros inaltérable à la mèche floue et au regard clair. Teddy Ted prend un bain matinal à Wichita, village du Kansas, quand le barrage en amont explose et libère un train de bois. Les rondins dévalent avec le courant et Teddy ne doit son salut qu’à Stormy, fidèle cheval qui vient l’extirper de la rivière en le tirant par les cheveux, inconscient, après le heurt d’un tronc à la tête [c’est ce qu’on appelle partir bille en tête !]. Pas plus perturbé que ça, le cow-boy se sèche quand une amazone veut le fumer c’est-à-dire lui faire sauter la cafetière. Elle l’accuse d’avoir dynamité le barrage dans le but de ruiner sa famille, les Makey, qui exploite le bois dans la région. Elle le met en joue, tire, « Pang ! Pang ! », le rate alors qu’un groupe de cavaliers arrive. Ils sont à la solde de la famille rivale des Makey, les Sand, éleveurs tout puissants. Là encore, les cinq hommes mettent Teddy en joue et font feu mais ce dernier, en une fraction de seconde, plonge, s’empare de son colt, dégaine, tourne sur lui-même et fait feu : « Pang ! Pang ! Pang ! Pang ! Pang ! ». Les sbires semblent danser sur place mais Teddy a seulement fait voler leurs colts. Rapidement rattrapé par le shérif Dixon, Teddy Ted est emprisonné et passé à tabac mais le vacher a le poing ferme et la rouste est pour les autres. Un autre shérif intervient, Bill Mac Tood. Chacune des familles a nommé un shérif qui l’avantage. Les deux clans risquent de s’affronter à mort mais Teddy découvre pourquoi le barrage a sauté en se rendant sur place. Tel Rahan, blondinet des âges farouches, Teddy Ted, lui aussi blondinet des rages à la louche, est un redresseur de torts. Il réconcilie les clans en expliquant les mystères de la nature, là le soleil, ici la dynamite, par là encore un morceau de quartz. Pas rancunier, il enfourche Stormy et s’éloigne de la brûlante Wichita après avoir refusé le titre de shérif et peut-être une idylle avec l’amazone pétroleuse.
L’histoire est étonnamment cousue de fil blanc. Elle en devient drôle par ses invraissemblances. Quand Teddy se rafraîchit au début, il a cette réflexion hilarante en voyant « que la rivière s’était brusquement couverte de troncs qui déferlaient vers [lui] » : « Oh… Oh ! Il est temps d’aller se plaindre au syndicat d’initiative ! » Plus fort que Matrix, il plonge afin d’éviter les balles qui passent en vrillant l’air au ralenti. Avant John Woo, Roger Lécureux a su exploiter l’ultra rapidité du héros. Le dessin de Gérald Forton est assez faible par moment. La tête du vacher n’a pas toujours les mêmes traits et certaines postures ne sont pas bien campées. Comme souvent, le cheval a la part belle tant dans l’histoire qu’à travers le dessin, plus soigné, plus aimant, à proximité de son modèle. Cette très courte bande dessinée peut se voir comme une curiosité.
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