[Tex. Maxi n° 5, Dans les territoires du Nord-Ouest | Gianluigi Bonelli ; Aurelio Galleppini]
Avoir un Tex dans ses fontes est une garantie de pouvoir chevaucher léger une bonne partie de soirée dans son « home sweat home » sans risquer de mordre la poussière, ici la neige des territoires du Nord-Ouest, sauf par procuration. Tout commence par un Blanc moribond dérivant dans un canoë pour aboutir à Lilloet, un village salish, dans la province canadienne de la Colombie britannique. Un mot délirant écrit avec le propre sang de la victime sur une page arrachée dans une bible mentionne un destinataire, Jim Brandon, capitaine de la police montée. Jim, devenu colonel depuis des années, se rend au fort Saint-John afin d’identifier le corps du défunt mais il ne le reconnaît pas. Outre la lettre inspirée du Deutéronome écrite en lettres de sang, un mystérieux message codé, une carte mystique avec des symboles ésotériques, écrite sur une écorce de bouleau, accompagne le mort du fleuve. Après avoir pris connaissance de ces éléments disparates, Jim Brandon s’habille alors en civil et part seul en traîneau dans les immenses territoires du Nord-Ouest sans un mot d’explication puis disparaît sans laisser de trace. Accusé de désertion, il est radié de la police montée. En plein hiver canadien, Gros-Jean fait appel par télégramme à Tex Willer et à Kit Carson afin de remonter la piste de Jim. Avec bien peu d’indices, le trio d’amis se lance dans l’aventure. Dawn, métisse, remarquable guide et pisteuse, s’est jointe à l’équipe. Ses chiens de traîneaux et ses connaissances du terrain font merveille. Pourtant, elle semble manipulée et paraît amener les rangers dans un guet-apens qui échappent ainsi de peu à une avalanche de neige mortelle déclenchée à la dynamite dans le Chilkoot Pass, col obligé entre les Etats-Unis et le Canada. Une galerie de méchants bien campés se révèlent à mesure que l’histoire avance. Il y a Jericho, énigmatique et amoral Indien au chapeau à plume, Ghost, albinos grimaçant, déterminé et méchant et surtout Red Duck, alias Golden Eye (une pépite d’or fichée dans l’orbite remplace un œil perdu), Blanc cruel et habile meneur d’hommes se faisant passer auprès des populations indiennes, les Sekans devenus des nervis ou les Athna transformés en esclaves, pour l’incarnation d’un esprit mauvais, le démon Wendigo. Jim Brandon croyait avoir logé une balle dans la tête de Red Duck mais le « canard rouge » a la peau dure et ses capacités de nuisance sont demeurées intactes.
Le scénario est habilement troussé et l’intrigue bien ficelée dès le début. Le lecteur est pris tout de suite et ne lâche plus le livre. Même si le dessin accuse quelques faiblesses dans l’expression ou la physionomie des visages par exemple, l’ensemble est de bonne tenue malgré une rapidité d’exécution graphique responsable d’un dessin parfois esquissé un peu grossièrement. Il s’agit évidemment de pinaillage mais on aimerait toujours plus et toujours mieux pour un héros emblématique et attachant depuis si longtemps déjà.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]