[Seul le silence | Roger-Jon Ellory, Fabrice Pointeau (Traducteur)]
Parce que vous avez naïvement lu la 4ème de couverture, vous croyez que vous allez vous plonger dans une sombre histoire de meurtres en série... et puis R.J. Ellory vous prend par la main pour, tout doucement, vous faire partager l'intimité de son héros et narrateur, Joseph Vaughan. Attention, cela n'empêche pas cette histoire d'être sombre, l'existence de Joseph semblant n'être qu'un interminable cauchemar dont il ne parvient pas à s'échapper, et qui englue le lecteur. En effet, il perd, dans diverses circonstances, tous les êtres qui lui sont chers, et porte en lui l'écrasante culpabilité de n'avoir pu empêcher l'assassinat d'une dizaine de fillettes dont il fut plus ou moins proche étant enfant puis adolescent. A cette époque, il vit à Augusta Falls -Géorgie- et la seconde guerre mondiale fait entendre son triste et lointain écho depuis l'Europe. En digne population de petite ville, celle d'Augusta Falls, traumatisée par le meurtre de ses enfants et aveuglée par la peur, fait preuve de méfiance et d'injustice envers ceux qui sont différents. Et Joseph l'est, différent. L'éducation qu'il a reçue de sa mère et l'attention que lui prodigue son institutrice lui ont permis de développer son ouverture d'esprit, et ces deux femmes vont de plus l'encourager à s'engager sur la voie de l'écriture pour laquelle il a de sérieuses prédispositions. Autant d'éléments qui peuvent être considérés comme des qualités, mais qui font de lui un être particulier aux yeux de concitoyens ignorants et hypocrites.
Plus que les événements, pourtant dramatiques, qui jalonnent le récit, c'est l'impact de ces événements sur le personnage principal qui importe ici. De la naissance de sa vocation d'écrivain à ses efforts désespérés pour construire sa vie en dépit de la succession de malheurs qu'il subit, il égrène ses souvenirs, détaille ses cauchemars et ses angoisses de telle sorte que le lecteur a l'impression de pénétrer dans ses pensées les plus profondes, créant une troublante sensation d'intimité. C'est une immense mélancolie qui se dégage de ce roman, dont la lecture provoque un sentiment d'impuissance -presque de frustration- à l'évocation de ce monde où la volonté de faire le bien n'est pas une garantie de reconnaissance.
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