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[Les Disparus | Daniel Mendelsohn]
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andras




Sexe: Sexe: Masculin
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Messages: 1800
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Posté: Dim 13 Oct 2013 23:20
MessageSujet du message: [Les Disparus | Daniel Mendelsohn]
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Un livre éblouissant, émouvant, étonnant, audacieux ... les qualificatifs me manquent. J'essaierai de parler plus de ce livre une autre fois. Pour le moment je peux dire que je suis heureux qu'une personne attentionnée m'ait cet été mis ce livre entre les mains en me le recommandant tout particulièrement.

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Mariecesttout



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Messages: 149


Posté: Lun 14 Oct 2013 1:07
MessageSujet du message:
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Les disparus est, effectivement , un livre éblouissant d'intelligence, de sensibilité, et d'érudition. A la fois une recherche historique sur une histoire bien particulière, et un hommage aux liens familiaux.

Je ne pourrais pas faire maintenant une vraie note , ma lecture est trop ancienne, mais je le relirai un jour, très certainement.

J'aime beaucoup Daniel Mendelsohn, l'homme. Même s'il a écrit récemment dans une revue américaine , une critique de la série Mad Men, que j'aime beaucoup, et lui, moins.. Sad Intéressante critique, quand même.

Au sujet des Disparus, il faut noter que même si c'est le premier sorti en France, ce livre appartient à une entreprise différente , considérée par lui comme un tryptique. Le premier chapitre étant: L'étreinte fugitive

Je le laisse parler dans la préface de L'étreinte fugitive:

Au lecteur français

Le premier de mes livres à avoir été traduit et publié en France n’est pas, en réalité, le premier que j’ai écrit. D’ordinaire, ce genre de détail bibliographique n’intéresse pas grand monde, mais il m’est apparu important de le préciser ici, dans la mesure où ce livre-là, Les disparus, est le deuxième panneau d’une entreprise que je me suis toujours représentée comme un tryptique; le premier panneau étant le livre que vous avez entre les mains, L’Etreinte fugitive, initialement publié aux E.U. sous le titre The Elusive Embrace.

A première vue, les lecteurs familiers des Disparus pourraient être tentés de penser que le sujet de ce « nouveau » livre, qui est une méditation approfondie sur la nature, et le sens de ce qu’il y a de plus intime dans la vie de chacun ( les hommes et les femmes,les pères et les fils, la sexualité), n’a pas grand-chose à voir avec le sujet de mon « précédent » livre ( l’histoire familiale, la culture juive, les évènements de la Seconde Guerre mondiale). Mais, comme je l’ai souvent dit- et certains d’entre vous m’ont peut être entendu le dire dans ce français que je parle avec ferveur, à défaut de le parler bien- je n’ai jamais conçu Les Disparus comme « un livre sur la Shoah ». Pour moi, c’est un livre qui parle de la relation angoissée, mais enrichissante, que le présent noue avec le passé, que le moi noue avec la famille et ses traditions, une relation que le moi a, en réalité, avec une tradition culturelle beaucoup plus vaste- sujets qui intéressent tout un chacun, ai-je tendance à penser. Cela n’a guère de sens, néanmoins, de réfléchir à ces relations cruciales- ne parlons pas des responsabilités intellectuelles, psychologiques et éthiques que cela implique- sans s’être auparavant penché sur le moi, qui est au centre de ces relations, qui est le sujet de cette réflexion. Cet examen est, précisément, le fil rouge de l’Etreinte fugitive.

De fait, dès que vous commencerez à lire ce livre, vous verrez que, si les questions qui le sous-tendent sont d’un ordre très intime ( qui suis-je? Quelle est mon identité? Qu’est-ce que l’identité, au bout du compte? Est-elle faite d’une seule pièce ou de plusieurs- suis-je une chose seulement, ou davantage? Le « coeur » de mon identité est-il non mélangé , indépendant du monde extérieur, ou est-il tributaire des relations que j’ai avec les autres- auquel cas, lesquelles sont les plus déterminantes pour établir « qui je suis »: celles que j’ai avec mes parents? Mes enfants? Les gens avec qui j’ai des relations sexuelles? Ceux dont je suis amoureux?)- si ces questions sont d’un ordre très intime, elles présagent tout simplement celles qui devaient nourrir le livre suivant ( qui sont les gens de ma famille? Qui sont vraiment mes parents et mes frères et sœurs? Quelle est ma relation à leur histoire? Quelle est ma relation au passé, de manière générale, et à l’Histoire elle-même? Et, de même que les questions si intimes qui sont en filigrane dans L’Etreinte fugitive ont rendu possibles les questions plus larges présentes dans Les Disparus, de même les grands voyages que j’ai décrits dans ce dernier livre, par delà les océans et les continents, n’auraient jamais eu lieu si je n’avais auparavant accompli ces trajets plus réduits dont parle mon premier livre: les promenades quotidiennes que je faisais quand j’habitais un certain quartier de New York, le train que je prenais, et que je prends chaque semaine encore aujourd’hui , pour aller de Manhattan à une capitale de province qui est à une heure de là.

Ce livre est donc ,en fait, le point de départ d’un voyage dont la destination - ou plutôt l’une des destinations- figure dans Les Disparus. Et ceux d’entre vous qui ont fait ce voyage-là avec moi vont découvrir que quelques-uns des personnages de L’Etreinte leur sont familiers ( moi-même, mon frère Matt, mon père et ma mère, mon amie Froma et, bien sûr, mon grand-père et ses frères et sœurs.), ainsi que certains paysages ( le terrain glissant, parfois dévasté, de l’histoire de ma famille) et d’autres détails encore ( le très vieux livre dans les mains d’un passager d’à côté, un texte biblique ou peut être grec ou latin).

Je viens de dire que la fin des Disparus représente seulement l’une de mes destinations: souvenez -vous que ce voyage a toujours été conçu comme un tryptique, il a toujours comporté trois volets. Le premier ( le panneau de gauche, en quelque sorte), celui dont le focus est le plus resserré, traite de sujets extrêmement intimes ( le sexe, notamment, dont je parle ici avec la franchise avec laquelle j’ai parlé de relations familiales difficiles dans Les Disparus, animé par la même objectif: la volonté de comprendre); le deuxième, Les Disparus ( le panneau central), élargit considérablement le champ, offrant de larges aperçus sur la géographie, sur l’histoire familiale et sur l’Histoire tout court. Le troisième, c’est celui que je viens tout juste de commencer à écrire. Comme le dernier volet de l’un de ses modèles littéraires, qui est tripartite, il rompt avec l’examen tourmenté du moi et de ses souffrances pour envisager quelque chose de plus abstrait; comme ce modèle, il laisse derrière lui l’expérience étrange, mais incroyablement enrichissante, de se sentir un touriste dans les souffrances des autres, les souffrances d’un passé qui s’est révélé, en fin de compte, n’être pas le mien, pour réfléchir au problème de la beauté- à ce qui fait que, bien souvent, notre représentation de ce qui est beau , nos allégeances et nos enthousiasmes esthétiques, les auteurs que nous lisons et les objets que nous collectionnons, ont peu de choses à voir ( quand on les confronte) avec les familles dont nous sommes issus, la culture dans laquelle nous sommes nés, les esthétiques auxquelles nous devrions adhérer ; à ce qui fait qu’une rencontre de hasard, avec un garçon, une femme, une photo ou un livre peut éveiller en nous une vision de la beauté que nous poursuivrons ensuite, consciemment ou non, notre vie durant.
Parfois, quand nous avons de la chance, l’étreinte est partagée. Comme je l’ai dit, je viens seulement de commencer ce nouveau livre, mais je ne pourrai pas l’écrire avant d’accomplir un autre voyage- que, cette fois, j’imagine prolongé. Ce voyage- là me conduira en France.

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